Le 13 août 2014
- Acteur : Robin Williams
Star des années 90, Robin Williams était peu à peu tombé dans la caricature. Retour sur une carrière qui connut plusieurs tournants remarquables.
Star des années 90, Robin Williams était peu à peu tombé dans la caricature. Retour sur une carrière qui connut plusieurs tournants remarquables.
1994. Vingt ans déjà. Robin Williams déclenchait l’hilarité dans le phénomène Madame Doubtfire. Inspirée par les méandres de sa vie familiale (divorce difficile dans les années 70, procès contre une maîtresse pour de l’herpès refilé dans les années 80), il est aussi le coproducteur de cette relecture burlesque de Tootsie. Chris Colombus, futur réalisateur de Harry Potter réalise cette pure comédie américaine, où l’extravagance du comique dopé à l’hyperactivité comble les spectateurs.
2014. L’interprète de Will Hunting et Jumanji est retrouvé mort à l’âge de 63 ans. Le monde est sous le choc. Il avait oublié le passif d’une star jadis adulée, depuis quelque peu tombée dans l’oubli.
L’aventure au cinéma n’était pas gagnée d’avance. Un premier grand rôle dans l’accident industriel de Robert Altman, Popeye, en 1980, et le comique, reconnu pour ses one-man shows et son apparition culte dans Happy Days en extra-terrestre et son spin-off Mork & Mindy, aurait pu rester dans l’ombre, à l’échelle planétaire.
Les cinéphiles l’apprécient dans Le Monde selon Garp réalisé par George Roy Hill (L’arnaque) en 1982 et dans Moscou à New York de Mazursky, en 1984. Il est déjà une révélation. Mais c’est dans le MASH des années 80, la comédie sur fond de Vietnam Good Morning Vietnam qu’il éclate, aidé par le studio Touchstone (Disney) et la pertinence de réalisation de Barry Levinson (Rain Man). En DTV en France, dans Club Paradise de Harold Ramis (les amateurs de VHS rares peuvent chérir leur exemplaire) ou en haut de l’affiche dans le démago mais populaire Cercle des poètes disparus de Peter Weir en 1990, l’un des plus gros succès de la décennie, il est omniprésent.
Donnant sa voix à un personnage de génie comique qui dynamite Aladdin en 1993, il est tout simplement la star réelle du plus gros succès de tous les temps dans le domaine de l’animation.
Robin Williams, c’était cela, les éclats de rire garantis dans le remake de La cage aux folles, Birdcage, un amuseur impétueux et intenable sur sa chaise. Mais aussi un esprit libre qui trempait sa verve dans la mélancolie : au Cercle des poètes disparus, on peut ajouter L’éveil de Penny Marshall avec Robert de Niro, mélo dispensable, Will Hunting de Gus Van Sant, que beaucoup apprécièrent en son temps et qui lui vaut l’Oscar du meilleur second rôle, face au juvénile Matt Damon (1997).
Travaillant avec les plus grands – il participe au générique de Dead Again et Hamlet du prodige britannique Kenneth Branagh -, il affirme ses ambitions chez Terry Gilliam qui sort de Brazil (1984). Il fait une apparition excentrique dans Les aventures du Baron de Munchhäusen (1988) et obtient le premier rôle salvateur de The Fisher King en 1991, l’un des monuments d’une filmographie surchargée au tournant de la décennie. Il est incontournable.
Quelques ratages prédisent un déclin imminent, notamment Hook (1991) de Spielberg ou Jack (1996) de Coppola, le montrent crétin, avec une tendance au cabotinage dans le mauvais cinéma. Jumanji triomphe, mais le film est-il bon ? Toys de Barry Levinson déçoit, Flubber (1997) consterne… Le grand Robin devient une estampille amusante pour les enfants à afficher à l’entrée d’une salle pour se faire de l’argent facile ou un tire-larme poussif : les critiques fusent face au gentil cabotin.
Les navets prennent donc le dessus à partir de l’année 1997, quand sort Will Hunting, son ultime succès personnel : le remake des Compères, La fête des pères réalisé pourtant par Ivan Reitman, Au-delà de nos rêves, Docteur Patch, Jakob le menteur, L’homme bicentenaire, Crève, Smoochy, crève de Danny deVito… Il est devenu roi dans le travestissement jusqu’à l’excès. D’extra-terrestre, en créature flasque, de jouet vivant en vieille femme, d’homme enfant en homo folle, son humour décomplexé le perd en chemin… Spielberg le réemploiera en cyborg dans A.I. (2001), un triste échec au B.O.
Si dans Photo Obsession (2002) de Mark Romanek, Final cut (2005) d’Omar Naim et Insomnia (2002) de Christopher Nolan, il cherche désespérément à casser son image, rien n’y fera, le mal subsiste dans l’inconscient collectif. Il est devenu une gloire vieillissante des années 90. Flubber de Les Mayfield lui aura finalement davantage créé de torts que son passé de cocaïnomane, au début de sa carrière.
On reste peu convaincu par sa prestation dans La nuit au musée 1&2, et les comédies pantouflardes que sont Camping-Car, Permis de mariage ou Un grand mariage. Les crochets par l’animation sauveraient presque la donne (Happy Feet 1&2), mais la lassitude face à une carrière en mode répétition détourne définitivement l’attention du public, qui l’aperçoit à peine dans ses seconds rôles (Le Majordome, The Face of love, sorti en juillet). On évoque toujours Madame Doubtfire 2, Jumanji 2… De bien tristes perspectives pour un talent à la célébrité abîmée, aujourd’hui adulée sur la toile qui l’avait pourtant vite précipité dans un certain cercle, celui des poètes disparus.
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