Le 16 juillet 2019
Malgré une carrière courageuse dans le cinéma indépendant et expérimental, Alain Raoust nous offre un film classique, à la mise scène trop académique et lisse, à la limite de l’ennui et parfois de la caricature.
- Réalisateur : Alain Raoust
- Acteurs : Yoann Zimmer, Salomé Richard, Estelle Meyer
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Shellac
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 31 juillet 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019, ACID 2019
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Résumé : Salomé décroche un job d’été dans la déchetterie d’un village. Sous un soleil de western, dans ce lieu hors du monde, son adolescence rebelle la rattrape. De rencontres inattendues en chagrins partagés, surgit la promesse d’une vie nouvelle.
Notre avis : L’entrée du film annonce d’emblée la suite : des jeunes gens dansent dans un appartement. S’ils partagent la fête, ils ont tous le nez rivé sur leur téléphone portable, pendant que celle qui sera l’héroïne de ce film endosse un costume de marmotte et s’engage dans une danse effrénée. Le message est clair : la jeunesse d’aujourd’hui est totalement happée par la modernité des échanges virtuels, là où certains énergumènes tentent de trouver un autre sens à leur vie. C’est à peu près tout le script de ce nouveau film d’Alain Raoust dont on regrette, dès les premières séquences, un parti pris classique, peu ambitieux et plutôt manichéen. Le cinéaste met en scène une jeune femme, Salomé, qui décide de fuir vers un village de Provence, où elle a passé une année de son enfance, pour garder une déchetterie perchée dans la montagne. Le destin s’acharne contre elle, tout en lui permettant de faire la connaissance avec de nouveaux personnages ou de retrouver des amis d’enfance, tout aussi hauts en couleur que franchement radicaux.
- Copyright Shellac Distribution
Le véritable problème de ce film demeure l’écriture. Le scénario enferme les protagonistes dans une sorte de caricature qui, parfois, frôle la grossièreté. On pense notamment à ce personnage féminin, sortie d’un jeu de télé-réalité, interprété par une Estelle Meyer certes douée, mais qui abuse des mots fleuris de toutes sortes (et c’est un euphémisme), au point de réduire son personnage à une figure grotesque et pathétique. Elle donne la réplique à Salomé Richard. En ce qui la concerne, le décalage entre le rôle qu’elle est censée jouer et le visage lisse qu’elle expose, est visible. Ainsi, les personnages débarquent et disparaissent au fur et à mesure du film, sans véritable cohérence narrative, et surtout sans que le réalisateur ne prenne le temps de leur donner une épaisseur véritable. Du coup, on passe à côté d’eux, on ne s’attache pas, voire on s’exaspère devant l’absence de vraisemblance.
- Copyright Shellac Distribution
On comprend que derrière ce titre Rêves de jeunesse, le réalisateur s’engage dans une énième variation du désenchantement du monde. Le propos, certes, tend à humaniser ces jeunes issus des régions rurales, particulièrement ces militants écologistes que la presse caricature souvent. Il est question du décès accidentel d’un militant des fameuses Zones à Défendre (ZAD), mais, même si l’idée est bonne, cela résonne souvent de façon peu appropriée. On est loin du très beau La vie rêvée des anges d’Erick Zonca, dont on ressent implicitement la référence, et qui décrivait merveilleusement une jeunesse à la dérive autour d’un duo de filles. L’histoire sonne creux, et la succession de non-événements ou de personnages sans lien véritable les uns avec les autres, renforce ce sentiment.
- Copyright Shellac Distribution
Voilà donc un film estival qui, hélas, malgré le talent indéniable de son réalisateur, glissera sur les écrans sans laisser de grands souvenirs. On saluera toutefois la confirmation de jeunes comédiens talentueux comme Yoann Zimmer, Salomé Richard ou Estelle Meyer, qui seront les stars de demain.
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