Le 14 août 2019
- Scénariste : Frédéric Beigbeder >
- Dessinateur : Bertrand, Philippe
- Genre : Humour
- Editeur : Dargaud
- Date de sortie : 14 septembre 2002
Touche-à-tout, Frédéric Beigbeder n’avait pas encore mis les doigts dans la BD. Avec Rester normal et l’appui du dessinateur Philippe Bertrand, le trou est désormais comblé. Mais pas le lecteur.
A en croire son éditeur, Frédéric Beigbeder considère la première bande dessinée qu’il a scénarisée comme "une œuvre littéraire à part entière". Et il espérait, "sans rire", qu’elle serait retenue pour le Goncourt. Pas de chance, elle ne se trouve pas dans la liste. Et on ne se demande pas pourquoi.
Certes, Rester normal commence bien. En exergue, cette phrase de Francis Scott Fitzgerald : "La Suisse est un pays où fort peu d’histoires commencent, mais où beaucoup se terminent." Mais la littérature de Rester normal s’arrête, elle, à cet endroit. Lever les yeux sur la dédicace du scénariste - "Pour Amélie et Chloë, car je suis bigame" - nous fait craindre le pire. Il arrive.
Rester normal, c’est l’objectif de Junior, fils d’un papa pesant 5 milliards de dollars baptisé Papa et d’une maman ancienne actrice de X baptisée Nevrosa, et frère de Sister, anorexique suicidaire homosexuelle au début et hétérosexuelle à la fin, ce qui fait le bonheur de son frangin. Lequel n’entend pas rester normal toute sa vie, le luxe n’y aide pas, mais jusqu’au lendemain, le temps de liquider monsieur son père. Voilà pour l’intrigue, l’heureuse jet-set qui partouze à l’hôtel des Bergues aussi négligemment qu’elle s’entretient le teint au caviar assurant le décor. Ce pourrait être drôle, c’est navrant et vulgaire.
Un exemple ? Vraiment ? "Zut, où ai-je mis mon plug ?", se demande une jet-setteuse. "Suis-je bête, il est dans mon cul !" Un autre ? "Elles sont où vos bites, les petits pédés ? !", lance une joueuse de "moto-polo". Irrésistible, non ? Allez, tant qu’on y est, un petit dernier pour la route. Le cadeau qu’offre Junior à Nevrosa pour Noël ? Un "magnifique godemiché téléphonique de Sony", qui lui permettra "de concilier deux activités essentielles de la femme moderne !"
Bref. Encore heureux que dans "bandes dessinées", il y ait "dessinées", Philippe Bertrand parvenant à donner un intérêt à la chose. Son trait joliment flou, ses couleurs pastels, ses jeux d’ombres, ses cases parfaitement découpées, sa façon de tenir à distance les personnages montrent, bien mieux que les mots de son petit camarade, qu’il n’y a pas grand chose d’humain dans le milieu qu’il dépeint.
48 pages - 14 €
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