Représailles en Arizona - William Witney - critique

Critique : Sidonis continue son exhumation de westerns, donnant aux curieux l’occasion de voir des films peu connus, quelquefois à juste titre, mais qui participent de notre connaissance d’un genre si spécifique. Représailles en Arizona est le prototype des ces œuvres tardives, qui signent l’épuisement d’un genre ; alors qu’il se réinvente ailleurs et en particulier en Italie, ou par le maniérisme génial d’un Peckinpah, Hollywood confie des petits budgets à de vieux routiers, dont le savoir-faire ne cache pas une lassitude et une incapacité à se renouveler. Ici, le cinéaste, William Witney, vétéran du serial, utilise deux stars vieillissantes, Audie Murphy et Buster Crabbe (glorieux interprète de Flash Gordon) et quantité d’acteurs de second plan qui traduisent eux aussi cette fin de règne.

Passé un prologue aussi vain qu’ahurissant (et abondamment commenté dans les bonus), on se retrouve en terrain (trop) connu avec cet énième variation sur le courage et l’honneur, plombée par des dialogues volontiers sentencieux. Witney, mal à l’aise pour filmer des échanges verbaux pesants, fait heureusement preuve dans les scènes d’action d’un métier solide : sa maîtrise du découpage et du cadrage fait alors merveille. Pure virtuosité aussi que ce long plan qui commence par une table de jeu, cadre les joueurs et s’éloigne pour montrer l’arrivée de personnages dans le saloon. Mais sitôt après, un long tunnel dialogué respire l’ennui. Et le film entier est à cette image, entre vivacité et platitude, violence concise et stéréotypes verbaux.

Certes, on trouvera toujours des raisons de voir le film : les paysages magnifiques, l’étonnante attaque aux cactus, ou le plaisir coupable de traquer le vieillissement de Buster Crabbe que Witney souligne avec insistance. Mais il faut supporter la voix off, les lourdes explications et un rythme défaillant. À réserver donc aux amateurs de westerns qui visent la connaissance encyclopédique.

Les suppléments :
Patrick Brion (17 minutes) met beaucoup d’énergie à ne pas parler du film, se concentrant curieusement sur des faits historiques. Il parle du curieux prologue, comme Bertrand Tavernier, qui, lui, analyse les caractéristiques principales de l’œuvre, avec une délectation amusée (20 minutes). La bande-annonce et une galerie photos complètent ces bonus.

L’image :
En regardant de près, on verra quelques menus défauts (scintillements, fourmillements et rares tremblements), mais dans l’ensemble la copie est propre et surtout, les couleurs sont magnifiques, ce qui est capital dans ce western tourné en extérieurs.

Le son :
Là encore, pour un film de cette époque, on est frappé par la clarté et la présence des dialogues et de la musique, quelle que soit la version choisie (vost ou vf mono 2.0). Soignées dans les moindres détails, les pistes sonnent remarquablement, notamment dans les fusillades ou, par exemple, dans l’utilisation de l’écho pour certaines séquences d’intérieur.