Le 10 juillet 2017
Le vétéran William Witney signe un western plaisant, sur un modèle quasiment disparu.
- Réalisateur : William Witney
- Acteurs : Audie Murphy, Kenneth Tobey, Michael Burns
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h35mn
- Titre original : Forty Guns to Apache Pass
- Date de sortie : 28 février 1968
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– Sortie DVD : le 18 juillet 2017
Résumé : 1868. Cochise et ses guerriers apaches sont sur le sentier de la guerre, décidés à éliminer les Blancs. L’armée doit défendre les colons mais le capitaine Coburn doit récupérer une cargaison de fusils – quarante – volés par des soldats déserteurs. Ceux-ci, dirigés par le caporal Bodine veulent les vendre aux Apaches…
Notre avis Quand William Witney tourne 40 fusils manquent à l’appel, il a déjà à son actif de nombreux films, dont une trentaine de serials pour la Republic : ses Zorro, Dick Tracy, the Lone Ranger, Fu-Manchu, Captain Marvel, entre tant d’autres, ont enchanté le public des années 30 et 40. Autant dire qu’il est en fin de carrière pour ce western, qui devait paraître anachronique en 1967, en plein bouleversement du genre : Peckinpah avait déjà signé Major Dundee, et Sergio Leone sa trilogie du dollar. Ici pas de sueur, peu de sang, et les rôles sont parfaitement distribués entre gentils et méchants, malgré l’évolution prévisible de Doug, le jeune frère de la femme aimée. Pourtant, malgré quelques défauts saillants, le film ne manque pas d’intérêt. Il faut certes subir un commentaire inutile en voix-off (inutile est d’ailleurs peu dire), qui explique continuellement ce que le moindre spectateur comprend tout seul : les intentions, les circonstances … De même tout amateur du genre ne sera à aucun moment surpris par des péripéties largement éprouvées.
Mais le scénario, sans être un modèle de finesse, développe suffisamment de tensions et de conflits pour éviter tout ennui : Coburn, interprété avec sobriété par le poupin Audie Murphy, se bat contre les Apaches, contre le renégat Bodine, mais aussi pour les fusils et pour retrouver la considération d’Ellen, personnage largement sacrifié. Mais ce sont également de grands thèmes (lâcheté / bravoure, honneur / intérêt, droiture / obéissance, etc) qui sont brassés sans insistance : les dialogues plutôt rares sont efficaces et évitent le verbiage. De même Witney privilégie-t-il la lisibilité constante : ses choix d’angle ignorent la fioriture et se concentrent classiquement sur les personnages et l’action. Celle-ci, d’ailleurs, est sèche et bien menée : les attaques sont courtes, et si elles durent, comme pour le dilemme de Doug, c’est toujours justifié par un intérêt scénaristique. Autant dire qu’il y a peu de gras dans 40 fusils manquent à l’appel, même si on se serait passé d’un dénouement mièvre et patriotique. Et quand il le faut, le cinéaste retrouve son âme de créateur de serial : la séquence de la mèche qui se consume y aurait toute sa place.
Mais ce western désuet est également attachant en tant que représentant de la fin d’un monde : encore quelques années et Murphy mourra ; Witney ne tournera plus que quatre films, et c’en sera fini d’une certaine innocence du genre. En un sens, 40 fusils manquent à l’appel est donc un résumé en même temps qu’un chant du cygne. S’il condense la plupart des topoï en un métrage aussi lisse que le visage de Murphy, c’est pour mieux signifier la fin d’une époque, la fin d’un manichéisme en train de s’effondrer sous les coups du Nouvel Hollywood. C’est ainsi avec une nostalgie diffuse qu’on regardera les exploits d’un héros anachronique et déjà fatigué, comme on fait une dernière promenade sur des chemins maintes fois parcourus.
Les suppléments :
Outre la bande-annonce des films de la collection, puis celle de celui-ci, ainsi qu’une galerie-photos constituée d’affiches internationales, le DVD propose deux entretiens : François Guérif (8mn) et Patrick Brion (7mn) notent les qualités et les limites de ce western et s’intéressent aux acteurs ou à la situation du genre. Solide, mais un peu court.
L’image :
Beau travail de restauration : au-delà d’un générique tremblotant, l’image est nette, lisse, dénuée de parasites, et les couleurs quasiment coruscantes.
Le son :
La seule piste (VOST Dolby Digital 2.0 Mono) est, dans les limites de la technique de l’époque, limpide, bien que le son paraisse par moments légèrement étouffé.
Galerie Photos
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