Horreur dans le désert
Le 26 février 2008
A défaut d’effrayer, Reeker est une série B d’épouvante qui amuse jusqu’à la distraction.
- Réalisateur : Dave Payne
- Acteurs : Devon Gummersall, Tina Illman
- Genre : Épouvante-horreur, Survival
- Nationalité : Américain
L'a vu
Veut le voir
– Durée : 1h40mn
A défaut d’effrayer, Reeker est une série B qui amuse jusqu’à la distraction. Les adolescents apprécieront, les vrais amateurs du genre, eux, s’abstiendront.
L’argument : Cinq étudiants partent en voiture pour participer à la fête de l’année en plein désert. Contraints de s’arrêter dans un vieux motel, ils deviennent témoins d’étranges apparitions de personnages mutilés. Le cauchemar ne fait que commencer.
Notre avis : Démarrant par une efficace séquence d’introduction qui place la barre très haute, Reeker installe pendant quinze minutes une atmosphère de série B assez barge qui parvient à surprendre le spectateur avant de vite virer au slasher classique avec son lot d’ados en vadrouille poursuivis par une entité meurtrière dans un espace désertique. Son scénario qui pouvait emprunter les directions les plus originales s’embourbe alors dans les conventions du genre horrifique. Les attentes du public en hémoglobine et en effets spéciaux ne seront pas déçues, David Payne, le cinéaste, déversant de nombreux litres de sang et multipliant les maquillages grandguignolesques. Cependant ceux qui rechercheront quelques frissons demeureront frustrés, ce long métrage n’atteignant malheureusement pas son but.
Les premières manifestations du tueur, apparaissant sous la forme d’un gaz létal, contribuent dans un premier temps à construire une atmosphère inquiétante. Le mal invisible frappe inexorablement ; seule son odeur permet aux victimes d’anticiper sa venue. Sur son passage, il ne reste plus que des êtres errants aux membres mutilés, aux visages défigurés, comme celui de cette mère aux lèvres arrachées qui grave désespérément son amour pour son enfant sur les murs d’une chambre... Si ces déchets humains errant ponctuellement autour du motel et qui ne sont pas sans rappeler l’intrigue pesante de The crazies et ses armes biologiques, on s’éloigne rapidement du film de George A. Romero lorsque Reeker donne corps à son meurtrier. Matérialisée, la menace perd en efficacité et sombre dans la bouffonnerie adolescente. Le killer ne tue désormais plus qu’au moyen d’un bras mécanique tout droit sorti d’une promotion Bricorama.
Cette banalissime personnification nuit fortement à l’efficacité des meurtres. Perdant son statut mystérieux, le tueur aux pinces virevoltantes s’acharne tour à tour sur chaque personnage. De la pulpeuse et blondissime Cookie au puéril Trip, le compte à rebours va commencer pour tous ces adolescents. Le monstre à la Jeeper creepers, où comme il vous plaira de le nommer, ne surprend plus ; il ne génère désormais plus que l’hilarité. Mouvements saccadés dans l’espace, apparitions ultrabalisées, effets sonores portés à leur paroxysme lors de l’enclenchement de la blackedeker et meurtres loufoques foisonnent. Reeker donne dans la surenchère et c’est bien par excès qu’il finit par pécher, voire ennuyer.
A force de suivre les règles du genre, le film tombe dans l’alignement de situations déjà trop vues. Certes, les mises en situation cocasses réussissent à arracher quelques sourires, mais le trouillomètre, lui, reste à zéro. Pour finir sur une note positive, on remarquera que Reeker a l’avantage de ne pas rester trop sur l’estomac, comme le souhaitait son réalisateur, du moins jusqu’à son revirement narratif final qui se veut subtil mais qui n’est que grotesque. L’antiphrase de la pièce de Calderòn de la Barca, La vie est un songe...
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.