Réalités fictives
Le 28 mars 2024
Un joyeux fatras qui n’en finit plus de perdre le spectateur, mais n’en demeure pas moins une subtile réflexion sur les frontières entre réalité et fiction.
- Réalisateur : Quentin Dupieux
- Acteurs : Élodie Bouchez, Alain Chabat, Jon Heder, Jonathan Lambert, John Glover
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h27mn
- Date télé : 21 juin 2023 20:58
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 18 février 2015
Résumé : Jason Tantra, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d’horreur. Bob Marshall, un riche producteur, accepte de le financer à une seule condition : Jason a quarante-huit heures pour trouver le meilleur gémissement de l’histoire du cinéma…
Critique : Fiction dans la fiction, enchevêtrement de rêves dans une réalité floue, le dernier long-métrage de Quentin Dupieux se présente comme un joyeux fatras qui n’en finit plus de perdre le spectateur, pour livrer in fine une subtile réflexion sur les frontières entre réalité et fiction, qui ne tombe pas dans les travers du film intellectuel.
Si Quentin Dupieux avait déjà fait ses preuves dans le monde du loufoque et de l’absurde avec ses précédents longs métrages - à l’image du très réussi Rubber - il se surpasse avec ce dernier film, qui part dans tous les sens. Et justement, du sens, il n’y en a pas vraiment dans Réalité. Le non-sens, c’est la marque de fabrique du réalisateur, qui parvient ainsi à manipuler le spectateur tentant désespérément de se raccrocher au moindre élément logique. Un film qui porte ainsi bien mal son nom, puisque l’on se rend compte, peu à peu, que tout n’est que rêve et fiction. Les destins des personnages s’entrecroisent et se mélangent pour envoyer valser la vraisemblance à coups d’absurdités. Tout est connecté, les éléments de l’intrigue s’assemblent au hasard : à nous de nous débrouiller avec ça. Quand les cérébraux chercheront à tout prix à démêler les fils, pour reconstituer la vraisemblance, les autres se contenteront de prendre les pièces du puzzle comme elles viennent. Soyons de ceux-là.
- © Diaphana Distribution
Quant à l’intrigue - si tant est qu’il y en ait une - elle débute par une curieuse histoire plutôt glauque. Une petite fille, nommée Reality, cherche à récupérer une cassette vidéo trouvée dans l’estomac d’un sanglier. On comprendra plus tard que l’histoire de cette petite fille est en réalité un film en construction. De même cette émission de télévision - dont on assiste au tournage - qui n’est rien d’autre que l’émission que la petite fille du film regarde. Quand on comprend ensuite que même Jason (extravagant Alain Chabat) fait partie de cette fiction dans la fiction et que son film est aussi un film dans le film, on abandonne toute volonté de construire un sens ou une chronologie. Le noyau dur, c’est tout de même cette histoire de film sur les télévisions tueuses (qui nous rappelle fortement Rubber). Un cameraman (celui de la fameuse émission) s’improvise réalisateur et propose son idée de film au producteur (celui du film avec la petite fille) Bob Marshall, interprété par un Jonathan Lambert totalement loufoque, merveilleux en psychopathe sadique. La scène, absurde au plus haut point, laisse s’installer un comique totalement décalé, lorsque le producteur fait une étrange proposition à Jason : il accepte de produire son film si ce dernier parvient à trouver le meilleur gémissement de toute l’histoire du cinéma.
- © Diaphana Distribution
Voilà donc Jason en quête du gémissement parfait, qu’il traque dictaphone à la main, croisant ainsi toute une galerie d’étranges personnages. À partir de là, tout se mélange, les niveaux de fiction s’emboîtent les uns dans les autres, sans cohérence, et aucun détail n’aiguille le spectateur dérouté vers la piste à suivre. Aucune césure, aucun élément - musical ou visuel - n’indique le passage du rêve à la réalité, les différents niveaux de fiction sont traités de la même manière. Inutile alors de tenter de dire la "réalité" du film : elle n’existe pas. Si les protagonistes ne cessent d’affirmer la réalité des faits, tout n’est pourtant que piège et subterfuge.
Film décousu et déroutant, qui interroge la fiction et ses limites, Réalité est avant tout un long-métrage drôle et décalé, totalement jouissif, qui s’amuse avec les canons narratifs du septième art pour mieux les dynamiter. À conseiller aux fans inconditionnels de Dupieux, qui s’amuseront à relever les effets d’auto-citation, et à tous les amateurs d’humour absurde.
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birulune 21 juin 2017
Réalité - Quentin Dupieux - critique
Un réal qui veut l’oscar sans même avoir un scénario, la tension monte a propos d’une K7 mystère qu’une petite fille a récupéré intacte dans un sanglier et la mascotte d’une série culinaire se voit (lui seul) couvert d’eczéma a cause de son costume PFIOU pour comprendre faut accepter le flou artistique où nage les différentes couches du récit ( un film dans le film qui est déjà un film mais le film du début continue et reprend etc) . C’est bon de retrouver les
thèmes dupieuèsques:filmer avec sérieux les scènes comiques et donner un air surréel à chaque dialogue. Mais le film fait trop dans le film a étages et il se noie parfois dans sa propre logique, séparément rêve et réalité, film et non-film, tout tourne au cauchemar et c’est dommage. Chabat subit la folie du film d’un autre et ses scènes, hors scènes oniriques ( il dort au ciné ou dans une salle de muscu ou dans son lit et les trois rêves s’entrecroisent et apportent un twist final absolument radicalement novateur et pfiou) sont toutes ultra réalistes. Entre Ca Tourne A Manhattan et Inception c’est du lourd quand même.
Et les idées ont changé sans se copier toujours et encore comme chez certains réals ( Burton ?)
Faux passages réalités / rêves ou film dans le film / vrai film risquent d’être ridiculement interprétés
Chez l’ écrivain russe contemporain ce film devra faire sens.
La folie, le songe et les fantasmes.
C’est pour comprendre que la création narrative naît d’un mensonge outrepassé ouvertement par Dupieux.
On verra pas de scènes d’amour. Seul vrai repproche