Raymond Aron : le chemin de la liberté

Critique : Pauvre Raymond Aron. Encore une fois réduite à n’être que le contrepoint philosophique des idées sartriennes, sa propre pensée est totalement escamotée par ce documentaire bâclé. Seules les influences du sociologue Max Weber, de la vision économique du marxisme et du pacifisme d’Alain sont mentionnées. Et encore, de façon allusive. C’est un peu court pour comprendre la réflexion d’un homme, dont le documentaire feuillette la vie en plusieurs chapitres, qui s’enchaînent de plus en plus vite (la dénonciation des totalitarismes, la rupture définitive avec Sartre après L’Opium des intellectuels, le rapport à Israël, le regard sur mai 68...). Pourtant, il aurait été intéressant d’étudier les fondements du républicanisme libéral défendu toute sa vie par Aron, envers et contre un certain nombre d’intellectuels qui le classaient à droite de l’échiquier, parmi les penseurs bourgeois dévoyés. Ce ne sont pas les formules clinquantes d’Enthoven, les banalités de Cohn-Bendit ou de Couturier ou les remarques biographiques de la fille du philosophe qui permettent d’en savoir plus. Dommage : l’intellectuel méritait vraiment mieux.