Rap stars vol.2, Rap fights, Scratch all the way live

Trois nouvelles sorties du label Frak Vision. Une compilation de clips insipides, un concours de battle un peu léger et un concert indispensable.

Notre avis : Ce qui frappe le plus, lorsque l’on regarde à la suite les trois nouvelles sorties DVD du label Frak Vision, ce sont les contradictions fondamentales, inhérentes au mouvement hip-hop, qui les séparent. Voici trois modes d’expression différents qui mettent chacun en avant un mythe ayant fait la richesse (dans les deux sens du terme) de ce mouvement musical. Trois mythes qui peuvent vivre indépendamment des autres avec plus ou moins de pertinence.
Le premier mythe est de loin le plus dispensable car non musical. Il s’agit de l’image clinquante, le fameux « bling bling », synonyme d’ascension sociale fulgurante grâce à la musique. Cette image folklorique du hip-hop est relayée par le biais du clip vidéo dans Rap stars vol.2. L’imaginaire « gangstaliste » (gangster capitaliste) pouvait amuser au début mais il est devenu de plus en plus rance et douteux, surtout quand le domaine de la lutte s’est étendu au sexe et que la représentation de l’esclavage sexuel de la femme a explosé. Passons donc à des choses plus réjouissantes.
Le deuxième DVD, Rap fights, met en avant le mythe du MC dans toute sa splendeur, même si au début du hip-hop, celui-ci invectivait le public plutôt que l’un de ses pairs. Il s’agit donc de combat de tchatche entre deux rappeurs et malheur à celui qui manquera de répartie devant les vannes cinglantes balancées par son adversaire. Bien qu’ancien, ce concept de « battle », a été largement popularisé par le film de Curtis Hanson, 8 miles, dans lequel le talentueux Eminem se livrait à des joutes verbales renversantes. C’est à la fois jouissif et ludique mais on regrettera tout de même deux choses : il faut être parfaitement bilingue et familier de l’argot urbain américain pour pleinement apprécier l’exercice ; un exercice, et c’est le deuxième regret, qui ne représente en fait que la moitié du DVD, le reste étant consacré à des performances scéniques plutôt décevantes.
Nous avons gardé le meilleur pour la fin. Tous les amoureux du hip-hop connaissent le film culte de Doug Pray, Scratch, documentaire qui retrace l’histoire du djaying, de ses origines à nos jours. Scratch all the way live en est la prolongation délicieuse. Toujours réalisé par Pray, il s’agit d’un concert réunissant des pointures comme le légendaire Jazzy Jay, Mix Master Mike (DJ des Beastie Boys) et les frappadingues X-Ecutioners. Musicalement, le mythe du DJ hip-hop est le plus intéressant. Le bon goût, le rythme, l’assemblage et une dextérité hors-pair sont nécessaires pour une performance digne de ce nom. Ces lascars n’en manquent pas et c’est un vrai régal de bout en bout. Magistral.

Le DVD :

Les suppléments :

Pas grand-chose à se mettre sous la dent. Aucun bonus pour les deux premiers titres. Scratch all the way live en possède juste un, extension sympathique d’un concert qui de toute façon se suffit à lui-même.

Image & son :

Concernant le son, seul Rap stars ne bénificie pas du 5.1 ce qui rend l’objet encore plus dispensable. En revanche le 5.1 prend tout son sens sur Scratch en nous emportant dans un tourbillon sonique étonnant qui permet d’apprécier pleinement la technique monumentale des artistes.