Le 3 avril 2024
Que notre joie demeure tombe dans le piège du film hommage, et ne va pas au fond des questionnements passionnants qu’il effleure. En résulte un film intéressant, mais un peu plat.
- Réalisateur : Cheyenne Carron
- Acteurs : Daniel Berlioux, Oussem Kadri, Majida Ghomari
- Nationalité : Français
- Distributeur : Hésiode Distribution
- Durée : 1h48mn
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 24 avril 2024
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Résumé : En juillet 2016, le père Hamel est assassiné pendant la messe qu’il dirige. L’attentat est commis par Adel, jeune islamiste radicalisé. Le film raconte la semaine qui les conduit au jour de la messe mortifère.
Critique : S’il est bien un reproche qu’on ne peut pas faire à Cheyenne-Marie Carron, c’est de refuser d’aborder un sujet épineux et au potentiel de récupération politique important. Pour raconter la semaine précédant l’attentat survenu à Saint-Étienne du Rouvray, en 2016, Carron choisit de construire son film en deux parties. La première est dédiée au père Hamel, assassiné dans son église pendant l’office ; et la seconde à Adel, le jeune de dix-neuf ans auteur de l’attaque commise au nom de Daech.
Cette construction est en soi la principale limite du film, et interroge sur les intentions de sa réalisatrice. En effet, la partie consacrée au père Hamel le présente si vertueux qu’il pourrait être un saint. Et comment traiter ce personnage autrement ? Carron ne se laisse pas le choix : ne pas le présenter de manière exclusivement et ostensiblement positive aurait pu paraître douteux. Cela créé de l’affection envers le personnage, mais on n’obtient de cette démarche pas tant un récit qu’un hommage. C’est d’ailleurs assumé. Pourtant, cela peine à être intéressant d’un point de vue strictement narratif. Le père Hamel a été bon, l’est et le restera. Le problème est que personne n’a besoin de rappeler que rien ne justifie le quart de l’atrocité qu’il a subie. À quoi bon, alors, le présenter en chrétien parfait si ce n’est pour surligner ce que le spectateur sait déjà et créer un surplus de pitié artificielle ?
- © 2024 HESIODE PRODUCTIONS
Mentionnons que la réalisatrice, chrétienne et se déclarant comme tel, parvient à porter à l’écran quelques-uns des questionnements épineux qui parcourent l’Église, comme l’acceptation pleine et entière de l’homosexualité. Le père Hamel, par exemple, rassure un jeune homme homosexuel au début du film, ce qui aurait d’ailleurs constitué un des points de désaccord avec un producteur de films chrétiens, ayant poussé Carron à produire et distribuer elle-même le film.
La deuxième partie, quant à elle, fait valoir des qualités plus évidentes et naître des émotions plus profondes qu’une compassion déjà acquise. Derrière la radicalisation du jeune Adel, déjà actée au début de l’intrigue, se trouve le parcours de la mère de celui-ci, confrontée à la pente mortifère que prend son fils, sans parvenir à l’endiguer. Majida Ghomari propose la partition la plus convaincante du film, et sa détresse est palpable. Surtout, le film creuse des sillons de réflexion assez prenants : que faire face à l’inexorable machine de persuasion de la radicalisation ?
Le final évite le sensationnalisme gratuit, mais suscite tout de même un suspense morbide, même si la boucle scénaristique dont il résulte offre une sensation de complétude bienvenue.
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