Le 22 août 2019
- Scénariste : Jirô Taniguchi >
- Dessinateur : Jirô Taniguchi
- Collection : Casterman écritures
- Genre : Gekiga
- Famille : Manga
- Date de sortie : 3 juin 2003
Le cliché a la dent dure. Bien des gens croient encore que manga signifie Goldorak pour gosse dégénéré. Si, si. Souvent, ce sont ces mêmes gardiens du bon goût qui se pâment devant Mizoguchi, Kurozawa ou Kawabata. Et qui savent distinguer Kitano d’un film de karaté. S’ils connaissaient seulement la richesse et la diversité de cet univers dont ils prêchent la mise au ban. Que n’ont-ils lu les chefs-d’œuvre de Jirô Taniguchi...
Lorsque Hiroshi cherche à rentrer chez lui après un voyage d’affaires bien arrosé, il se trompe de train. Il arrive, coïncidence, dans la petite ville qui l’a vu grandir. Il profite de cette confusion pour visiter le cimetière où repose sa mère. Et s’endort près de sa stèle. Une brise fantomatique caresse sa joue. C’est dans son corps d’enfant de quatorze ans qu’il se réveille. Dans sa maison d’antan. Parmi sa famille et ses amis d’autrefois. Par quel miracle une âme de quarante-huit ans peut-elle revivre l’époque insouciante de l’adolescence ? Trouver un nouveau souffle dans un corps si vigoureux ? Mais... Ce "retour" fantastique a ramené Hiroshi à l’époque du départ de son père. Un départ soudain, sans explications. Et sans retour. Une disparition sans vagues qui avait irrémédiablement blessé chaque membre de la famille. Sa mère s’était laissée mourir, quelques années plus tard. Pour Hiroshi, l’occasion de comprendre est trop belle. Et s’il pouvait changer quelque chose ?
La première partie de Quartier Lointain se terminait alors qu’Hiroshi apprenait la véritable nature de l’union entre ses parents. Cette suite (et fin) nous livre d’autres secrets. Dévoile-t-elle le mystère de la prédestination ?
Jirô Taniguchi a peu d’équivalent, qui sache jouer de la mélancolie avec autant de sensibilité. Cette réflexion sur les méandres du hasard, sur les bifurcations de nos destinées, fait de ce bouleversant mélodrame un somptueux portrait de la famille japonaise d’hier et d’aujourd’hui. La finesse de sa trame emplit d’une douceur simple une histoire pourtant déchirante. Des regards fragiles, des gestes retenus. En quelques cases muettes, il trouve toujours la bonne distance. Celle de l’introspection, de la retenue, de la pudeur.
Hiroshi visite sa propre histoire, mais change le scénario. Il ridiculise le caïd de l’école, brille en classe malgré lui, séduit inconsciemment l’inaccessible Tomoko. On rit avec lui. Il revoit sa mère, son père, sa grand-mère, et supporte l’émotion sans faillir. Comme s’ils s’étaient vus la veille. On pleure pour lui. Et Daisuke, son ami, écrivain en herbe. Si Hiroshi doit changer un destin, peut-être est-ce le sien.
C’est ainsi. Les rouages du temps sont abîmés. Nos actes les plus glorieux sont probablement ceux que l’on a manqués. On aime les siens pour l’éternité. Qui connaît précisément cet instant anodin où sa vie a pris un chemin différent ? Alors, un chef-d’œuvre graphique dérive, de mains en mains, avec un calme émouvant.
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