Le 12 août 2019
- BD CULTE
- Scénariste : Jirô Taniguchi >
- Dessinateur : Jirô Taniguchi
- Collection : Casterman écritures
- Genre : Gekiga
- Editeur : Casterman
- Famille : Manga
- Date de sortie : 27 septembre 2002
Loin des univers du shônen et shôjo manga - respectivement destinés aux garçons et jeunes filles - Quartier lointain de Jirô Taniguchi s’adresse à tout lecteur en quête de poésie dans ce monde de brutes.
La journée démarre mal pour Hiroshi Nakahara. Après un voyage d’affaire trop arrosé, il est sur le point de rentrer chez lui à Tokyo avec la gueule de bois. En prime, son train le mène vers une autre direction : Kurayoshi, son village natal.
Hiroshi profite alors de ce contretemps pour se rendre sur la tombe de sa mère. En cet instant de recueillement, un phénomène étrange se produit : il redevient le garçon de ses quatorze ans. Incroyable bond dans le temps, qui touche aussi tous ceux qui peuplaient son enfance.
Pourtant les événements ne se réalisent pas exactement à l’identique. Plus affirmé, Hiroshi ose questionner ses proches sur certains tabous familiaux - attitude qu’il n’aurait jamais adoptée naguère. Mais pourra-t-il influer sur le destin et empêcher cette fois son père de quitter le foyer ?
A ce stade du récit, on peut imaginer plusieurs scénarii. Soit le narrateur sous l’emprise d’hallucinations - provoquées par la cuite de la veille - se persuade avoir changé d’époque ; soit il cherche à fuir un moment responsabilités et vie trépidante en se réfugiant inconsciemment dans l’enfance ; ou, dernier scénario, subitement nostalgique, il reconstitue le puzzle hasardeux de sa jeunesse en comblant les pièces manquantes avec sa vision d’adulte.
Un dénominateur commun ressort à l’énumération des suppositions : celui de la peur de vieillir et de mourir - angoisse ancrée chez beaucoup de Japonais, liée en partie à la tragédie d’Hiroshima et Nagasaki.
A travers le regard de son personnage, Jirô Taniguchi retranscrit ce mal-être ou, plutôt, les façons de s’accrocher ainsi au présent - au présent dans le passé ! Décors et paysages sont minutieusement détaillés ; les yeux se posent sur des gestes imperceptibles et ordinaires célébrant la quotidienneté, ou s’attardent sur des scènes silencieuses, onomatopéiques suspendant l’action. La technique même du dessin de facture classique - tramé et encré - renforce cette aspiration à la quiétude face au futur incertain.
Taniguchi saisit la majesté singulière et émouvante de l’instant. Un haïku...
– Prix du meilleur scénario Angoulême 2003
198 pages.
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.