Le 13 mai 2019
- Scénariste : Rodolfo Santullo>
- Dessinateur : Jok
- Genre : Fantastique
- Editeur : MOSQUITO
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 5 mars 2019
Quarante cercueils nous amène au dix-neuvième siècle, pour une étrange et fantastique aventure maritime, directement inspiré d’un passage du roman Dracula de Bram Stoker.
Résumé : Rodolfo Santullo décide d’adapter un passage du roman épistolaire de Bram Stoker, la partie concernant le voyage du comte mort vers les rives de l’Angleterre dans les soutes d’un bateau. Jok l’illustre avec un talent brut au cours de cette nouvelle dessinée qui porte la saveur des anciennes nouvelles fantastiques macabres du dix-neuvième siècle.
Le récit démarre par un soir de tempête et l’arrivée au port de Whitby d’un bateau surfant sur les flots pour arriver sans encombres malgré les déferlantes et la nuit.
Mais à la grande surprise des habitants du village, le bateau ne contient que des cadavres, et quarante cercueils. A la barre, un mort s’est attaché, une croix à la main, un journal de bord avec lui.
Monsieur Holm, de la douane, récupère le journal logé dans une bouteille pas encore à la mer et va le lire.
C’est là que nous replongeons dans le passé, à travers le journal de bord du capitaine Strogoff dont nous venons de découvrir le cadavre...
Ce récit dans le récit fonctionne à merveille et l’on se replonge dans cette ambiance macabre, lourde, avec ses marins isolés en pleine mer et devant faire face à l’incompréhensible. L’ironie dramatique joue bien, nous savons ce qui les attend et qui est la cause de leurs problèmes, mais eux, se noient dans la peur et le doute.
Rodolfo Santullo parvient avec brio à se fendre, par cette adaptation, d’une nouvelle à l’ancienne, qui porte le charme et le goût des grands "novelists" du fantastique.
Rodolfo Santullo, Jok / Mosquito
Jok illustre cette histoire sombre. Et sombre est aussi le terme graphique qui convient. De jour, comme de nuit, à cause de la tempête permanente, tout semble obscur. C’est dans cette noirceur ambiante que les protagonistes évoluent. Le capitaine, son équipage et son étrange second, Monsieur Lepes.
Le trait brut, tendu comme l’angoisse régnante, de Jok, accroit encore l’atmosphère oppressante qui règne dans cette BD.
L’utilisation des hachures pour les rides, les ombres, certains volumes renforcent encore la noirceur du récit par la densité qu’elles apportent au dessin. Parfois, le noir s’étale comme des tâches sur le bois du bateau. Jok joue du clair-obscur, mais pas de manière tranchée, par ces hachures, ces tâches, il mêle le peu de lumière de matière noire qui pèse sur les personnages, symbolisant l’horreur à venir.
Si le noir règne en maître, les couleurs ne sont pas salvatrices, le jaune-orange des lumières artificielles en intérieur porte le seau du souffre, le vert malsain qui règne autour du bateau, seule marque visuelle du fantastique avec l’apparition du comte maudit, nous saute aux yeux alors qu’il semble invisible aux personnages. Une autre forme, visuelle celle-ci de l’ironie dramatique.
Cette ironie qu’il faut savoir utiliser car ce récit, cette légende, nous la connaissons et la surprise ne peut plus fonctionner avec nous lecteurs du vingt-et-unième siècle. C’est là où Jok et Santullo utilisent cette autre technique scénaristique pour nous garder dans le récit, pour le meilleur, et surtout pour le pire.
Quarante cercueils est une nouvelle fantastique macabre, inspirée d’un passage du Dracula de Bram Stoker, mais que les deux auteurs explorent et revisitent avec talent évoquant ainsi tous les rois de la nouvelle fantastique, de Poe à Maupassant.
56 pages - 14€
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