Le 10 mars 2019
Un beau documentaire qui défend la liberté d’avorter, à travers le témoignage de plusieurs femmes.
- Réalisateurs : Susana Arbizu - Henri Belin - Nicolas Drouet - Mickaël Foucault
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : La Chambre Noire
- Durée : 1h13min
- Date de sortie : 13 mars 2019
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Résumé : En France, une femme sur trois avorte au cours de sa vie. Une dizaine d’entre elles témoignent face caméra dans des jardins publics. Elles n’ont aucun point commun sinon d’avoir vécu l’expérience de l’avortement après le vote de la loi autorisant l’IVG, en France, en 1975, et d’assumer leur choix. Aujourd’hui, chacune à sa façon, elles racontent avec leurs mots et leurs différences cette expérience commune. Ces récits singuliers dessinent les contours d’une réalité intime incarnant ce que disposer de son corps veut dire, ici et maintenant. Dans la lignée de celles qui se sont battues pour l’obtention du droit d’avorter, Lola, Magali, Sigrid…posent des mots pour elles et pour les autres. Une parole indispensable pour continuer à défendre ce droit sans cesse menacé.
Copyright La Chambre Noire, 2019
Notre avis : D’abord, il y a un parc sur lequel s’attardent des plans fixes. Les vies circulent, la parole adviendra dans cet environnement ouvert, parce que le confinement dans un espace clos acterait une exhortation à la confidentialité. C’est ce que beaucoup, accordant moins un droit qu’ils ne le concèdent en leur for intérieur, demandent aux femmes avortées : de la discrétion, comme une preuve de leur honte. Mais honte de quoi ? Aucune des intervenantes ne donnera à la société les gages d’une allégeance, quand il s’agit d’une simple question de liberté. "Mon corps m’appartient", disaient les féministes de la deuxième génération. C’est ce slogan qu’illustrent tous les témoignages de ce beau documentaire. Avec des mots très simples, pleins de bons sens, parfois pleins d’humour, ces narratrices de différents âges expriment des choix : "Ca ne m’intéressait pas, les gamins ne m’intéressaient pas. Ma plus grand peur était de le sentir, parce que j’allais avoir l’impression d’avoir un Alien dans le bide.", "J’avais l’impression d’être dans une série à deux balles : oh, je suis enceinte !"
Copyright La Chambre Noire, 2019
Ces femmes évoquent aussi des moyens de contraception que des médecins de famille leur ont spontanément prescrits dès l’adolescence, comme la pilule, alors que certaines ne la supportaient pas. Les injonctions sociales qui pèsent sur le sexe féminin traversent un certain nombre d’actes médicaux, empreints de l’idéologie patriarcale, dont la plus évidente manifestation consiste à lester les patientes de la responsabilité contraceptive et -plus globalement- à régenter leur corps. Et l’on constate que tous les sentiments de culpabilisation afférents ont tôt fait d’infléchir des décisions, jusqu’au choix de garder l’enfant, à plus forte raison lorsque ces personnes enceintes subissent les rappels à leur "horloge biologique". Ainsi, une des intervenantes rapporte le propos d’une de ses amies, laquelle juge qu’à trente ans, "ce n’est plus l’âge d’avorter". Derrière ces pressions, se lisent les stéréotypes qui pèsent sur l’"éternel féminin" et que des années de luttes émancipatrices n’ont pas totalement réussi à éradiquer. Entre les témoignages, des photos des années 60 et 70 rappellent le combat pour l’avortement, tandis que des paroles hostiles ou favorables à ce qu’on appellera bientôt la loi Veil, des compte-rendus d’affaires importantes comme le procès de Bobigny, permettent de mettre en perspective les enjeux de ce droit arraché à des siècles de domination masculine. A l’heure où des discours réactionnaires s’attaquent à l’avortement, y compris au sein de la communauté médicale, la sortie de ce film constitue véritablement un acte militant.
Copyright La Chambre Noire, 2019
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