Le 9 mars 2021
Dans une ambiance somptueuse, à la frontière du fantastique, Qu’importe si les bêtes meurent confronte l’Homme aux limites de ses certitudes.
- Réalisateur : Sofia Alaoui
- Genre : Court métrage
- Nationalité : Marocain
- Durée : 23 min
- VOD : Disponible sur France TV jusqu'au 17/03/21
- Chaîne : France TV
- Festival : César 2021
Résumé : Un jeune berger et son père vivent dans les montagnes de l’Atlas au Maroc. Le fils, Abdellah, est missionné par son père et doit descendre au village afin d’acheter de la nourriture pour son troupeau. La route est longue et périlleuse. Lorsqu’il y arrive enfin, celui-ci est vide, il n’y a plus personne, ou presque. Les villageois seraient partis se réfugier à la mosquée après avoir observé d’étranges phénomènes dans le ciel…
- Copyright - 2020 - Qu’importe si les bêtes meurent - Sofia Alaoui
Critique : Mystérieux, philosophique, le court-métrage de Sofia Alaoui (nommé aux César 2021) propose une réflexion sur la foi, et le rapport des êtres humains à l’étrangeté, à l’inconnu. La réalisatrice met en scène les différentes réactions de l’Homme face à la possible existence d’une vie extraterrestre, à travers l’émerveillement d’un vieillard d’une part, et le déni, puis la peur du jeune berger de l’autre.
Le titre est éloquent : « Qu’importe si les bêtes meurent », lorsque l’on est confronté à un événement plus grand que soi, plus grand que l’humanité tout entière. Le poids de l’existence s’envole et les contraintes du quotidien paraissent soudain bien dérisoires. Pourtant, cela pose une autre question, celle de la nécessité de prendre soin de la vie tant qu’elle existe, et de ne pas abdiquer, tant que l’espoir subsiste. Dans cette idée, Abdellah n’oublie pas de ramener les céréales à ses bêtes, tandis qu’une jeune femme, son bébé lové dans le dos, profite de cet événement pour prendre sa liberté en quittant le village. Elle propose au jeune homme de l’accompagner, mais celui-ci décline l’invitation, préférant obéir aux injonctions mêlées de sa peur et de sa religion, qui lui dictent d’aller chercher son père pour se réfugier à la mosquée.
Sofia Alaoui interroge l’Homme dans ses croyances, dans ce qu’il a de plus enraciné en lui, de plus naïf et désespéré. Croire apparaît ainsi comme quelque chose de consubstantiel à l’être humain, comme le dernier point d’ancrage face au risque et à l’inexpliqué. Mais que se passe-t-il lorsque ces croyances sont remises en question ? En ce sens, le film décrit une mise à l’épreuve.
Qu’importe si les bêtes meurent est un essai sur la connaissance ou plutôt sur l’ignorance. Le vieillard dit qu’il ne faut pas avoir peur de ces manifestations célestes, car elles nous éclairent sur ce que nous ne savons pas encore.
- Copyright - 2020 - Qu’importe si les bêtes meurent - Sofia Alaoui
La dimension fantastique enveloppe le long métrage d’une aura mystique et plonge le spectateur dans un état entre inquiétude et fascination. Une musique envoûtante accompagne le berger, de plus en plus en proie au doute. Il règne une douce atmosphère d’apocalypse, aussi calme que menaçante. Abdellah avance tant bien que mal au milieu du paysage sec et rocailleux - quasiment martien ? - des montagnes de l’Atlas. Si le film s’achève là où il a commencé, de manière symbolique, dans un refuge perché sur les hauteurs, loin du reste du monde, cela n’est peut-être pas un hasard. Le père et son fils semblent presque être seuls sur Terre à cet instant...
Pourtant, « il n’y a qu’une certitude : nous ne sommes pas seuls dans l’univers », répète le vieil homme du village.
Il se dégage enfin une troublante sérénité devant la magnificence des cieux. Apparaît comme la sensation d’une paix retrouvée, mais de quelle paix parle-t-on ? La paix dans le cosmos ou celle de l’âme ?
- Copyright - 2020 - Qu’importe si les bêtes meurent - Sofia Alaoui
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Hélène 10 mars 2021
Qu’importe si les bêtes meurent - Sofia Alaoui - critique
Une jolie remise en cause et un moment de grâce...Merci pour la critique, je n’aurais pas vu le film sans cela !