Le 5 juillet 2021


- Scénariste : Ed Brubaker >
- Dessinateur : Sean Phillips
- Collection : Contrebande
- Genre : Aventure, Policier
- Editeur : Delcourt
- Famille : Comics
- Date de sortie : 12 mai 2021
Courte nouvelle en hommage aux pulps américains, signée Phillips et Brubaker !
Résumé : Dans les années 1930 à New York, alors que la crise économique fait rage, Max Winters devrait être à la retraite, mais doit livrer des pulps, avec ces histoires de cowboys hors-la-loi, pour subsister. Il connaît bien ces histoires, puisqu’ils les a vécues, mais son cœur, soumis aux crises cardiaques et aux turpitudes de la vie, semble le diriger contre un nouvel ennemi, le nazisme…
C’est bien connu, les Américains, n’ayant pas une Histoire à rallonge (surtout si l’on tait les faits amérindiens), se raccrochent aux quelques siècles qu’ils ont vécus, et adorent par-dessus tous les références et hommages à leur pays et à sa formation. Sans aller vers la colonisation ou la guerre de Sécession, et comme Tarantino avait déjà appuyé l’hommage récemment à Hollywood, le duo Phillips-Brubaker a eu l’idée de se plonger dans une époque plutôt méconnue car peu reluisante, celle qui suit la crise économique de 1929. En effet, à ce moment-là, le « c’était mieux avant » est de rigueur, et le héros ne cache non seulement pas sa nostalgie, mais la transcrit carrément sur le papier. De là à voir une jolie mise en abîme de l’écriture pour mettre en lumière la répétition de la fiction à chaque époque, c’est une parenthèse littéraire intéressante mais qui pourrait prendre plusieurs pages. Non, ce qui nous intéresse réellement dans ce Pulp, cette histoire courte, violente et jouant sur plusieurs niveaux, c’est son charme, mélange de western et polar, qui s’engouffre dans la lutte des classes et la montée du fascisme tout autant que les règlements de compte et hold-up à coups de pistolet.
Sean Phillips, Ed Brubaker / Delcourt
D’ailleurs, le dessin aide grandement à s’immerger dans cette ambiance, les analepses incessantes venant donner un ton désertique, ocre et far west (à l’image de la couverture d’ailleurs) à l’ensemble qui pourtant se joue dans un New York froid, fade et humide de l’entre-deux-guerres. Le héros a bien un passé glorieux, mais son présent est plus que triste : mal soigné par un système (encore) inégal, souffreteux et obligé de rendre son gagne-pain, désireux de laisser un petit pécule à son ancienne femme de ménage avec qui il vit, ses motivations et son état laissent à désirer, mais c’est bien là l’essence du pulp, ce mélodrame d’un monsieur tout le monde, que la palette graphique suffit à étoffer, car d’une simplicité de maître.
Sean Phillips, Ed Brubaker / Delcourt
Vivace sans être vertigineux, Pulp est un récit court et bien ficelé, qui apportera, à défaut de chaleur, un œil vif et sincère sur une Amérique qui court après son passé sans jamais vraiment s’interroger au présent. Et cela, le duo Brubaker-Phillips ne cesse de le montrer à travers leurs planches.
74 pages - 12 €