Le 24 mai 2017
Une superbe fable dystopique, qui alterne scènes oniriques en apesanteur et visions cauchemardesques.


- Réalisateurs : Alberto Vázquez - Pedro Rivero
- Acteurs : Josu Cubero, Eva Ojanguren, Andrea Alzuri
- Nationalité : Espagnol
- Durée : 1h15min
- Date de sortie : 24 mai 2017

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Résumé : Sur une île ravagée par un désastre écologique, deux adolescents ont décidé de fuir leur entourage et leur quotidien : l’étrange Birdboy en se coupant du monde et en affrontant ses démons intérieurs, la téméraire Dinky en préparant un voyage dangereux, avec l’espoir secret que Birdboy l’accompagne.
Notre avis : Pour donner un écrin à ce superbe film d’animation, on ne pouvait envisager d’autre décor qu’une île sur laquelle les personnages se retrouvent prisonniers, après une catastrophe industrielle. Dans cette ambiance post-apocalyptique, la société se reconstruit aux dimensions d’un monde primitif où la loi du plus fort règne partout. Ainsi, une décharge où le cuivre est convoité comme monnaie d’échange, devient un lieu d’affrontements particulièrement sanglants. Ces immondices sont administrées par des personnages en perdition, orphelins, à moitié édentés, qui psalmodient d’une même voix que leur avenir est dans les ordures.
De féroce milices patrouillent, afin d’instaurer un semblant d’ordre. Les contrevenants sont sévèrement réprimés. Ce sont ces milices qui ont assassiné le père de Birdboy, créature taciturne à tête de mort, nanti d’un minuscule bec, à peine une excroissance. Le voici chassé et errant, hanté par son passé et par l’idée de reconstituer une nature luxuriante à laquelle il accède via une grotte. Dans ses rêves se profile la courageuse Dinky, qui a fui une famille oppressive et, accompagnée de deux amis, cherche par tous les moyens à quitter cette île infernale. Mais la menace est partout et s’incarne sous la forme de créatures cauchemardesques : araignées géantes, oiseaux aux ailes disproportionnées, insectes volants, dont la présence est accentuée par de saisissants contrastes de couleurs, où le rouge et le noir dominent, dessinant les contours d’un monde crépusculaire.
Si les personnages ne parviennent cependant pas à quitter l’île, la mort de l’un d’eux, conçue comme un sacrifice, laisse entrevoir un avenir plus heureux, une sorte de renaissance après l’horreur.
Ce film d’animation, totalement déconseillé aux enfants, est une indéniable réussite formelle, lestée d’une angoisse évidente sur le devenir de nos sociétés industrielles.