Le 25 mai 2023
Espagne 1977 : Un jeune homme est incarcéré sans ménagement pour un délit relativement mineur. Le passage lent et difficile à la démocratie en Espagne après la mort de Franco. Une belle réussite mélangeant habilement film de genre et chronique politique.


- Réalisateur : Alberto Rodriguez
- Acteurs : Fernando Tejero, Miguel Herrán, Javier Gutiėrrez Álvarez , Jesús Carroza
- Genre : Drame carcéral
- Nationalité : Espagnol
- Durée : 2h06mn
- VOD : Canal VOD, FILMO. VIVA, PremiereMax
- Titre original : Modelo 77
- Date de sortie : 25 mai 2023

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– Sortie VOD : 25 mai 2023
Résumé : En 1977, alors que l’Espagne vit le début de sa transition démocratique, Manuel (Miguel Herrán), un jeune comptable, est incarcéré à la prison "Model" de Barcelone pour avoir volé dans la caisse de son patron.
Critique : Manuel va très vite s’apercevoir à ses dépens que la démocratie ne s’est pas encore installée partout en Espagne en 1977, et certainement pas en prison. À peine arrivé, il est informé qu’il ne peut pas communiquer avec l’extérieur et sera suivi d’autorité par un avocat commis d’office. Celui-ci lui apprend que la plainte le concernant porte sur une somme infiniment plus importante sur que, réelle, qu’il a avouée. Ne pouvant parler à sa famille, il n’a pas d’argent pour se payer un matelas, et après une fouille minutieuse et inutilement humiliante, il se retrouve à l’isolement non sans avoir été roué de coups. Au préalable, on lui a signifié qu’il ferait mieux de vendre son beau costume avant de se le faire voler.
Après plusieurs jours difficiles où il va essayer d’alerter la hiérarchie, ce qui lui vaudra de nouveaux passages à tabac, il va rejoindre une cellule collective. Il va y retrouver le basané (Jesús Carroza), un bavard plein d’humour qui lui passait des cigarettes à l’isolement, et découvrir Pino (Javier Gutiėrrez), qui dicte les règles de la cellule.
- Copyright Atípica Films/Movistar Plus+.
Alberto Rodriguez, auteur notamment du remarqué La isla minima (2014), revient en grande forme pour ce long métrage, qui oscille savamment entre le film classique de prison et la chronique politique.
Le récit va suivre au plus près le destin d’un jeune homme, a priori sans convictions particulières, qui va devenir une sorte de porte-parole des détenus, exigeant eux-aussi de profiter des bienfaits de la démocratie.
Passionnant de bout en bout, tout en suivant scrupuleusement en marge les faits historiques, ce film tendu aux couleurs sombres, qui ne sort quasiment jamais de la prison, montre à quel point il est difficile pour un pays de se sortir d’une dictature, et particulièrement pour les prisons figées dans un passé de violence et d’arbitraire.
Un belle réussite qui rend aussi hommage au romancier Ray Bradbury et au cinéaste François Truffaut, pour la référence à Fahrenheit 451 avec une scène d’autodafé dans la cour de la prison d’ouvrages préalablement appris par cœur par le détenu qui les possédait.