Pris de court - la critique du film

Notre avis : Une famille monoparentale mais unie, prise au piège d’une situation banale dans le monde d’aujourd’hui et qui tente maladroitement de s’en sortir permet à la réalisatrice Emmanuelle Cuau de renouer pour ce troisième long-métrage, après Circuit Carole en 1994, puis Très bien merci en 2007, avec son thème fétiche : l’engrenage.

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Dès la scène d’ouverture, nous voilà projetés au cœur du récit dans un Paris grouillant et indifférent où Nathalie, cette jeune femme fraîchement débarquée de province se retrouve seule à devoir faire face à un événement brutal. Pour ne pas troubler la nouvelle vie de ses enfants mais aussi parce qu’elle culpabilise, elle décide de continuer à vivre comme si elle avait obtenu réellement obtenu ce travail. Mais quand Paul, son fils aîné, un adolescent de quinze ans, découvre son mensonge, il se sent trahi et dérape à son tour. Sa mère veut l’aider à se sortir de ce mauvais pas et c’est toute la famille qui se fait happer par une spirale infernale sous le regard impuissant du petit frère. Sans famille ni amis, ils n’ont d’autre choix que de se débrouiller seuls dans cette jungle urbaine dont ils ignorent tout. Le hasard mettra sur leur route quelques âmes compatissantes prêtes à leur venir en aide comme le fera Muriel (la touchante Marilyn Canto), ce qui amplifiera le dilemme de Nathalie, contrainte de la trahir pour sauver sa peau et celle de ses enfants.
Dans cette intrigue qui hésite entre polar et thriller familial, la réalisatrice se borne à raconter des faits en évitant toute explication et en ne s’attardant guère sur les états d’âme des protagonistes.

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Délaissant peu à peu les comédies populaires qui ont fait sa renommée, Virginie Efira retrouve dans un registre plus dramatique l’un de ses rôles favoris : celui de la mère célibataire. Mais Nathalie n’a rien à voir avec la jeune femme déjantée de Victoria pas plus qu’avec la pétulante Violette de Une famille à louer. Tout en retenue, l’ex-présentatrice de télévision nous révèle un nouvel aspect de ce talent infini qui fait d’elle l’une des actrices les plus en vue du cinéma français. Elle campe avec dignité et pudeur une mère tiraillée entre ses principes moraux et cet instinct irrépressible de protection envers son fils. Face à eux Gilbert Melki, impressionnant de cynisme froid et désincarné, symbolise le mal et crée un suspense propre à tenir le spectateur en haleine. De la même manière, la bande son obsédante souligne quelques moments essentiels et contribue à faire monter la tension jusqu’aux dernières images. Grâce à une réalisation fluide, le film, en mouvement perpétuel enchaîne sans temps mort des scènes anxiogènes suivies de périodes plus douces pour repartir bientôt vers des sommets plus périlleux, confinant le spectateur dans une continuelle impatience, jusqu’à ce que la caméra, à coups de larges plans panoramiques, accompagne Nathalie et sa petite famille aux portes d’une liberté bien gagnée. Un drame bien ficelé au rythme soutenu et à la réalisation efficace qui ne vous prendra pas de court.