Presque Sarajevo - La chronique BD

Sarajevo. Enfin, presque. Parce qu’une semaine, c’est court pour saisir une ville meurtrie par des années de guerre. Pour en comprendre la complexité entre souvenirs, rancœurs, abattements et espoirs. Surtout quand on s’y rend pour une action que l’on ressent très vite comme futile : une exposition de bande dessinée dans le cadre d’un échange entre auteurs bosniaques et suisses. Pierre Wazem en était. Et le carnet de voyage qu’il en a rapporté, rempli de doutes et de questionnements, est passionnant.

Pierre Wazem / Atrabile

A l’encre noire, le dessinateur capte l’atmosphère de la ville avec des petits riens, accumulant les anecdotes, les impressions, ne cachant rien de ses propres errements. L’écrivain Cees Nooteboom n’est pas loin : "C’est toujours ainsi. Quelque chose, un souvenir, un événement, donne le ton du voyage." C’est toutefois dans l’ombre de Nicolas Bouvier que Pierre Wazem se place, L’usage du monde étant l’un des compagnons de route affichés de la réalisation de Presque Sarajevo.

Pierre Wazem / Atrabile

Un album qui se cherche autant que le voyage qu’il raconte. Rien de péjoratif là-dedans. Au contraire : c’est sa fragilité - prolongée par une construction habile en va-et-vient entre les cases et le texte -, sa sincérité, son humour aussi qui bouleversent. Pierre Wazem n’a rien compris de Sarajevo. Mais il est revenu de son périple avec, dans son sac, de fortes amitiés. "C’est le propre des longs voyages que d’en ramener tout autre chose que ce qu’on y allait chercher", écrivait Nicolas Bouvier.