Pour la France - Rachid Hami - critique

Critique : Enfin, le cinéma français donne la parole à des jeunes réalisateurs qui témoignent de leur récit en tant qu’enfants ou petits enfants de migrants. Enfin car il est grand temps de comprendre les complexités, les héritages inconscients que portent tous ces jeunes gens, souvent réduits à la caricature des banlieues. Pour la France poursuit l’objectif périlleux de témoigner de la manière dont les jeunes doivent composer avec la culture de leurs parents, la brutalité des régimes et des colons qui ont conduire ces derniers à fuir leur pays, et la modernité à eux, qui hésite entre le devoir d’intégration et la révolte. C’est tout l’enjeu de ce film qui emprunte le drame pour donner chair à des milliers de personnes privées de paroles. La question algérienne est complexe, et le réalisateur Rachid Hami n’entend pas la résoudre. Il compose un film autobiographique, dense, qui témoigne de ce rapport encore douloureux que les générations issues de l’immigration algérienne portent dans leur cœur.

Copyright 2022 Gophoto/Mizar Films

En même temps, Pour la France est un long-métrage très écrit. Il s’inscrit totalement dans la tradition d’un cinéma romanesque dont André Téchiné ou Arnaud Desplechin sont les maîtres. Le cinéaste donne à ses personnages une densité magnifique. Derrière le drame social, se joue celui d’une fraternité mise à l’épreuve avec un passé que chacun interprète avec ses propres souvenirs. Les comédiens s’adonnent d’ailleurs à leur rôle avec beaucoup de dignité et d’intégrité. Hami refuse la victimisation. Il donne à voir des personnages libres, du moins qui se donnent les moyens pour se libérer des fantômes du passé. L’émotion est totale, jamais misérabiliste, jusqu’à cette scène finale où le rap entonné par les deux frères illumine soudain la représentation faussée que certains d’entre nous avons de la culture hip-hop.

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En ce sens, Pour la France grandit le cinéma et les minorités culturelles auxquelles le réalisateur offre une visibilité. La démagogie n’est pas de mise. Le long-métrage de Rachid Hami est une œuvre sincère qui cherche à faire de l’émotion l’axiome central du récit. Le politique se mêle habilement au récit familial, qui nous rappelle, avec profondeur, l’honneur qui est dû à tous ceux qui offrent leur vie pour défendre l’intégrité nationale.