Le 24 septembre 2020
Roy Andersson est de retour avec son esthétique dont il a fait sa signature : épurée, pale et sublime. Pour l’éternité porte un regard empathique sur la misère humaine, intemporelle et universelle, souvent de l’ordre du banal et du quotidien, mais aussi parfois de l’ordre de l’événement.
- Réalisateur : Roy Andersson
- Acteurs : Martin Serner, Bengt Bergius, Jan Eje Ferling, Jessica Louthander
- Nationalité : Allemand, Suédois, Norvégien
- Distributeur : KMBO
- Durée : 1h18mn
- Date télé : 3 avril 2024 23:40
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 25 novembre 2020
- Festival : Festival de Venise 2019, L’Étrange Festival 2020
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Tout au long du film, on est accompagnés par une douce voix narratrice qui récite un poème, dont chaque vers commence par « J’ai vu un homme » ou « j’ai vu une femme ». A chacun de ces vers correspond un court-métrage : celui-ci met en scène une personne qui accomplira ce que le vers a annoncé. Parmi une vingtaine de courts-métrages qui composent ce film, et cette poésie, on voit un prêtre en pleine crise existentielle à cause de sa perte de foi, un homme déprimé dans un bus qui s’exclame en larmes « je ne sais plus ce que je veux » et un autre passager lui demandant de se taire, puisque la dépression est une affaire privée. On voit aussi un couple survoler une ville (en nous rappelant les tableaux de Chagall), un médecin qui refuse de voir son patient en crise, car il ne veut pas rater son bus, une femme avec une poussette qui casse son talon, un homme qui a peur de l’anesthésie chez le dentiste, des prisonniers marcher en Sibérie, entre autres…
- Copyright KMBO Production
Critique : Dans ce film, on a l’impression d’être un passant qui stoppe son pas pour observer un tableau vivant face à lui. Il y a un voyeurisme, une sorte de permission de s’arrêter et voir la misère qui se déploie dans la rue, le marché, une chambre, une salle de réception d’un hôpital. Le film est ainsi un poème, une sorte d’épitaphe que quelqu’un écrirait sur son lit de mort, ému par la vie, sur toute la souffrance, les misérables, les malheureux et affligés que l’on croise dans la rue et que nous sommes et avons été un jour.
- Copyright KMBO Production
A travers ce long métrage, l’esthétique de Roy Andersson montre encore sa puissance, mais aussi la cohérence qu’elle porte avec le récit. Le cadrage est toujours fixe et ouvert, grâce à une grande profondeur de champ. Ce cadrage fait ressentir à son tour une sorte de théâtralité, dont le sujet de la pièce serait la tragi-comédie humaine. Cette esthétique, extrêmement épurée, qui exclut tout détail de décor inutile — avec des tons pâles et une lumière froide exprimant une espèce de raideur — nous permet de ressentir à la fois la fantaisie par le truchement de l’artificiel, mais aussi le quotidien et la mélancolie.
- Copyright KMBO Production
La lumière blanche reflète l’absence de romantisme : il n’y a pas de « chaleur » pour embellir ou « faire pleurer des violons » : le long métrage est dédié à l’humanité des personnages, mais sans condescendance ou victimisation. La « beauté » dans le film ne provient donc pas des visages hollywoodiens, des couleurs vivantes ou d’un montage complexe, mais de la vulnérabilité humaine et elle est finalement la vérité du mal-être des personnages, réfère à ces afflictions qu’on partage tous universellement, « pour l’éternité ».
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.