Le 20 juin 2019
Bien au-delà d’une histoire de boucle temporelle, une comédie juive new yorkaise menée tambour battant par Natasha Lyonne délurée, infernale, fragile et attachante. Une réussite d’écriture.
- Série : Poupée russe
- Réalisateurs : Leslye Headland - Natasha Lyonne
- Acteur : Natasha Lyonne
- Durée : 8 épisodes de 25 minutes env.
- VOD : NETFLIX
- Chaîne : Netflix
- Titre original : Russian Doll
- Date de sortie : 1er février 2019
- Plus d'informations : Poupée russe
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Résumé : Nadia lors de sa soirée d’anniversaire de ses 36 ans meurt renversée par une voiture. Elle se réveille à nouveau et va revivre en boucle cette soirée, enfin presque…
Notre Avis : Le plan du radio-réveil crachouillant « I Got You Babe » de Sonny & Cher dans Un jour sans fin (1993) de Harold Ramis est définitivement entré dans l’histoire du cinéma. Pour le lecteur qui rentrerait d’une longue retraite dans un temple tibétain, ce film met en scène un odieux présentateur météo d’une TV locale qui revit en boucle la même journée qu’il déteste, la traditionnelle fête de la marmotte. Et chaque matin il est réveillé par ce foutu radio-réveil.
Dans Poupée russe, « I Got You Babe » devient « Gotta Get Up » de Harry Nilsson et le réveil est remplacé par le miroir d’une salle de bain où se regarde Nadia qui va revivre sa boucle. Sauf que les similitudes avec le film de Ramis s’arrêtent quasiment là, à une ou deux situations près mais qui relèvent plus de l’hommage assumé. En fait, on devrait surtout parler de « Une mort sans fin ».
- Copyright Netflix
Reprenons. Nadia, est une new-yorkaise trentenaire un poil borderline : elle fume comme un pompier, boit comme un trou, goûte à toutes les drogues et collectionne certainement les amants. Célibataire endurcie, ingénieur informatique free-lance pour une boite de jeux vidéos, son seul compagnon est un chat qui a disparu depuis des jours et sa famille se résume à Ruth, une tante psy. Ce soir-là, c’est son 36e anniversaire organisé par une amie tout aussi perchée, dans un loft où se croise une faune bigarrée. Nadia fume, boit et repart avec un type… et meurt renversée par une voiture. Elle se « réveille » devant le miroir de la salle de bain du loft de sa copine où la fête de l’anniversaire bat son plein sur « Gotta Get Up ». C’est parti, la boucle se met en route, Nadia meurt plein de fois, de façons variées, et se retrouve systématiquement devant ce fichu miroir. Jusqu’au jour où elle croise un certain Alan…
Créée, co-écrite, co-produite et interprétée de façon délirante par Natasha Lyonne (on va oser prendre le pari d’un Golden Globe ou autre), Poupée russe est un bijou d’écriture qui déjà évite les écueils du genre - les scénarios de voyages dans le temps et boucles temporelles sont vite casse-gueule - et se relève, passé le premier épisode posant la mécanique, bien plus comme une chronique du mal être profond d’une femme en pleine crise et une évidente mise en abyme de la propre vie de son interprète : descendante de survivants de la Shoah, éduquée dans la tradition juive orthodoxe, dealeuse d’herbe au lycée, père totalement absent, Natasha Lyonne s’émancipe à 16 ans et s’installe à New York après son premier rôle dans Tout le monde dit I love you (1996) de Woody Allen dont l’ombre plane inévitablement sur certaines séquences.
Série menée au pas de charge en 8 épisodes de 25 minutes (parfait pour un binge-watching), Poupée russe nous entraine dans un tourbillon alternant comédie juive new-yorkaise, fumeuses mais comiques prises de têtes sur les univers parallèles et moments de gouailles déjantées de cette Nadia de plus en plus fragile et attachante. Sans oublier une pléiade de personnages secondaires plutôt bien développés, malgré le court format. La réalisation est à la fois classique et débridée (mention pour une série de morts en cascade hilarante), les décors et stylismes très soignés, le tout servi accompagné d’une bande son de folie dont une play-list sur Deezer dure 4 heures, histoire de vous situer.
- Copyright Netflix
Quant au final, on dira simplement qu’il est parfait au point de se demander l’intérêt de la saison 2 annoncée il y a quelques semaines. Sauf qu’une scénariste a expliqué qu’en vendant le projet à Netflix avec Lyonne, elles avaient pitché 3 saisons, et du coup après réflexion on se dit que… Bon, allez, filez vite regarder Poupée russe dont il ne vous a pas échappé que le titre est au singulier.
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