La La Land
Le 29 avril 2017
Là où la bande dessinée éponyme de Bastien Vivès, tout en délicatesse, brossait jusqu’aux émotions les plus enfouies, Angelin Preljocaj et Valérie Müller n’engendrent ici qu’une adaptation bien terne. Hormis quelques chorégraphies réussies, un échec de cinéma.
- Réalisateurs : Valérie Müller - Angelin Preljocaj
- Acteurs : Juliette Binoche, Aleksei Guskov, Niels Schneider, Miglen Mirtchev, Nastya Shevtzoda, Jérémie Bélingard
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : UGC Distribution
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Durée : 1h48mn
- Date télé : 15 avril 2023 22:45
- Chaîne : France 4
- Box-office : 118.460 entrées
- Date de sortie : 16 novembre 2016
- Festival : Festival de Venise 2016
Résumé : Polina, jeune danseuse étoile prometteuse, n’hésite pas à quitter sa Russie natale pour réaliser ses rêves de danse. Au fil de rencontres, elle va forger son identité, explorer de nouvelles expériences artistiques, et construire son avenir.
Critique : Le destin semé d’embûches de Polina manque du souffle si particulier dont bénéficiait la bande dessinée originale de Bastien Vivès. À aucun moment les émotions enfouies que donnaient si bien à ressentir le crayon du dessinateur ici n’affleurent, et cela est bien dommage. Mise en scène par Antonin Preljocaj, par ailleurs directeur du Centre chorégraphique d’Aix-en-Provence, et Valérie Müller, l’adaptation du roman graphique hésite constamment entre un film qui ne ferait que dépeindre laborieusement une chorégraphie chaque fois avortée - la vie tortueuse de Polina - et des velléités plus cinéphiliques. L’image mentale liminaire du caribou s’abaissant, alors que la jeune danseuse accompagne son père à la chasse dans une forêt enneigée, se veut quelque part la traduction de l’animal que Polina devra, à mesure qu’elle se découvre elle-même, faire symboliquement émerger ou disparaître en elle. Le Polina de Preljocaj et Müller se veut également l’histoire d’un regard : celui du professeur intransigeant sous la férule duquel la jeune fille fait ses premiers pas de danseuse. Comme ce dernier ne lui rend pas le regard qu’elle convoite - celui d’un maître qui reconnaîtrait en elle les progrès de son élève -, la construction personnelle de Polina reste parcellaire. Prisonnière des grands ensembles déprimants et grisonnants de la banlieue moscovite, la jeune fille perçoit en la danse l’échappatoire rêvée. Pour ses parents issus des classes populaires, aussi, l’éventualité de voir un jour leur fille intégrer le Ballet du Bolchoï a tout d’une purgation. Cette ascension, cependant, n’est qu’un leurre : Polina va comprendre que la compagnie du Théâtre Bolchoï de Moscou, sous l’apparat, ne lui permet pas de devenir celle qu’elle est. Lui reste alors à trouver son mouvement intérieur et à danser non plus selon un schéma imposé mais à traduire par les gestes son âme. Ou comment la danse transcende et apprend à vivre. Joli programme, pour une facture qui laisse quelque peu désabusé.
Échouant tant sur le terrain du film social que celui du drame de l’adolescence et du rapport complexe maître-élève - même si le premier professeur, presque œdipien, et celui porté par Juliette Binoche, suscitent l’intérêt -, Polina, danser sa vie ne peut finalement compter que sur ses quelques admirables chorégraphies et son interprète principale, Natastya Shevtzoda. Alors que toute la première partie, non sans quelques ratés comme la scène des truands s’introduisant au domicile des parents de Polina, restait acceptable dans sa majeure partie, la seconde après le séjour à Aix-en-Provence rivalise en fadaises. Les péripéties vécues par Polina, souvent mièvres, finissent par lasser, lorsqu’elles ne semblent pas tout simplement là pour meubler. Demeure la danse finale de Polina, en guise de rédemption, pour feindre un moment de grâce. Ou peut-être l’érotisme latent entre Niels Schneider et Natastya Shevtzoda, filmés comme prince et princesse dans les tulles de la salle des costumes de l’école. Des écueils en pagaille, malgré tout, que ne viennent à aucun moment sauver un montage redondant et une musique assourdissante. Résultat qui laisse donc quelque peu interdit pour une œuvre sélectionnée en 2016 à la 73e Mostra de Venise en section Venice Days, Giornate degli Autori.
Le test DVD
En dépassant à peine les 120.000 entrées France, Polina découvert à Venise, en 2016, n’a pas la force et le tempérament de la BD, malgré la réussite de quelques belles scènes. À découvrir éventuellement en DVD.
Les suppléments :
Un seul bonus, intitulé Autour du film, à savoir une suite d’interviews du casting, des deux réalisateurs... Des coulisses qui intéresseront les spectateurs séduits par cette histoire de dévotion à la danse, entre la Russie et Paris.
L’image :
Avec son rendu cru de cinéma d’auteur, Polina distille une image assez précise sur des teintes douces, réalistes, qui refusent les excès colorimétriques.
Le son :
Le film mélange les langues, le russe et le français, sur deux pistes, 2.0 et 5.1. Cette dernière joue correctement sur les arrières pour donner de l’immersion au score, mais le film étant essentiellement intimiste, on ne notera aucune emphase au final.
– Mostra de Venise 2016 : Venice Days, Giornate degli Autori
Galerie Photos
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Babayaga 29 janvier 2017
Polina, danser sa vie - la critique du film + le test DVD
Je suis complètement atterrée lorsque je lis votre critique. C’est bien là je trouve que s’arrête le territoire des critiques cinématographiques…… La sensibilité de chacun ne peut et ne doit en aucun cas se délayer dans de telles approches arbitraires qui ne constituent que le pur produit de l’appréciation d’une seule personne. Cette histoire est poignante, de nombreuses scènes émouvantes et la musique n’est en aucun cas assourdissante comme vous le prétendez. Peu importe la BD !!! Il n’y a guère de musique dans une BD…. Ce film est une perle que de nombreuses personnes ont perçue comme telle. Vos attentes ne sont à l’évidence pas celles de tout le monde et cela se respecte totalement mais de là à en conclure à un navet, j’en reste sans voix. Vous gagneriez à vous abstenir de tels commentaires et en tout cas, à rester mesuré et nuancé si ce genre de production ne vous agréent pas. Dispensez nous de votre jugement quelque peu radical. Cette oeuvre n’est pas à jeter aux oubliettes, elle ne vous plaît pas, tout simplement, mais ça n’engage que vous…….