Triste retour
Le 1er avril 2003
Superproduction où la déception égale la hauteur des moyens déployés.

- Réalisateur : Roberto Benigni
- Acteurs : Nicoletta Braschi, Roberto Benigni, Breckin Meyer
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : Buena Vista Home Entertainment

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– Durée : 1h41mn
– Regards croisés : la critique du Pinocchio de Collodi illustré par Mattotti
Après le génial La vie est belle, Roberto Benigni signe son grand retour par une énième adaptation du conte de Carlo Collodi. Une superproduction où la déception égale la hauteur des moyens déployés.
Dans son petit atelier, Gepetto fabrique, à sa grande stupeur, un pantin doué de vie : Pinocchio. Si heureux de rompre sa solitude, le pauvre menuisier use de tous les sacrifices pour que son petit puisse accéder au monde des enfants, en somme, à l’école. Mais Pinocchio ne l’entend pas ainsi. Au lieu d’aller s’instruire, il est attiré pas la musique d’un théâtre ambulant puis entraîné par le renard rusé et le chat voleur, qui lui promettent monts et merveilles. De voyages en péripéties, Pinocchio va prendre conscience que devenir un enfant digne de ce nom nécessite obéissance et respect. Heureusement la fée bleue et le grillon parlant veillent sur ce petit bonhomme en bois...
Si l’objectif de Benigni était de faire un film pour les 4-10 ans, chapeau bas !, son film est une réussite. Nos petits bambins vont adorer les péripéties de ce Pinocchio proche du dessin animé produit par Disney. Les autres, ceux qui voient en ce conte le drame existentiel d’un pantin en quête d’identité, risquent de s’ennuyer ferme. Malgré la cascade d’effets spéciaux, la splendeur des costumes et une imagerie féerique, rien n’y fait, on n’adhère pas. Fût-il italien, le film de Benigni est plus proche d’Hollywood que de Cinecittà.
D’entrée, l’acteur-auteur-réalisateur gesticule, chante, crie, saute, hurle, casse. Son Pinocchio inonde l’image de son sympathique faciès au point de noyer le spectateur. Car rapidement, l’omniprésence de la star est étouffante. L’acteur laisse si peu de place aux autres personnages que Gepetto (Carlo Giuffre), le grillon parlant (Peppe Barra) ou la fée bleue (Nicoletta Braschi) sont réduits à de simples faire-valoir.
Manichéenne comme un enfant peut l’être, moraliste comme une fable, l’adaptation de Benigni passe à côté de tout le symbolisme du conte de Carlo Collodi. La morale se fait si pesante qu’elle donnera sans doute à nos progénitures l’envie de devenir des pantins obéissants et scolarisés. Grand bien leur fasse, c’est toujours mieux que des ânes bâtés !