Le 24 novembre 2015
Bâti comme un western en huis-clos, The Survivalist prend son spectateur à la gorge grâce à une tension de tous les instants et des personnages aux relations complexes.
- Réalisateur : Stephen Fingleton
- Acteurs : Mia Goth, Martin McCann, Andrew Simpson, Olwen Fouéré
- Genre : Drame, Survival
- Nationalité : Britannique
- Durée : 1h44mn
- Festival : PIFFF 2015
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– Année de production : 2015
– Compétition officielle : PIFFF 2015
Bâti comme un western en huisclos, The Survivalist prend son spectateur à la gorge grâce à une tension de tous les instants et des personnages aux relations complexes.
L’argument : Dans un monde post-apocalyptique, un homme s’est établi dans une cabane en pleine forêt. Mais l’arrivée de deux femmes en quête de nourriture va bousculer sa discipline de vie.
- © K5 International
Notre avis : L’une des premières scènes de The Survivalist voit le personnage principal, reculé dans les confins d’une forêt inconnue, constamment sur ses gardes, ouvrir une Bible. Alors que l’on pourrait déjà glisser dans une poésie de « fin du monde » facile, la religion venant soutenir l’âme en peine après l’apocalypse, il n’en est rien. La première page à peine ouverte que l’homme la déchire pour la jeter dans le feu qu’il chauffe sa cabane. Dans des situations comme celles-ci, c’est la survie qui prend le pas sur tout. C’est le corps et ses besoins qui requièrent toute l’attention du survivant. Et ce corps, c’est à peu près tout ce que possèdent ces personnages. Ce sera la monnaie d’échange des deux femmes venant interrompre le jeune homme dans sa routine. Le troc, sous toutes ses formes. Stephen Fingleton instaurant à partir de là un système de confiance animal entre les trois personnages, la plupart du temps uniquement basé sur le langage du corps.
La force de la trame est de toujours reposer sur des enjeux « primordiaux », chaque scène est une question de vie ou de mort. Le film, en ce sens, prend véritablement à la gorge, et ne relâche jamais la pression, à l’image de cette lame de rasoir que tend dangereusement la jeune femme vers les joues de l’homme pour le raser. Tout est question de confiance. The Survivalist joue la carte de l’âpreté totale. D’ailleurs, c’est lorsqu’il s’éloigne de cette rudesse aussi thématique que formelle, au travers d’une séries de souvenirs matriciels parfaitement inutiles à la compréhension du personnage, qu’il perd de sa force de frappe. Cette idée du souvenir douloureux revenant au personnage par brides, l’usage du ralentit pour le représenter, paraissant presque trop artificiel par rapport à la rigidité du reste du film.
- © K5 International
Ce n’était par ailleurs pas un hasard si le réalisateur de The Proposition, l’un des plus beaux western contemporain, s’en allait réaliser La Route. The Survivalist est lui aussi à bien des égards un western. Le thème de la frontière y est prégnant, la scène de l’arrivée des deux femmes voyant par exemple l’homme se poster sur le porche de sa cabane pendant de longues minutes avant de décider de les laisser franchir sa frontière. L’imagerie du film d’un autre côté, est essentiellement celle d’un western américain, le fusil, l’éclairage à la lampe à huile, l’harmonica, jusqu’à cette cabane assiégée comme un fort par des hommes aux foulards cachant le bas du visage. The Survivalist ne renouvelle pas le genre en profondeur, ce sont là des thématiques connues mais traitées avec une justesse qui force le respect pour un premier long-métrage.
Difficile de rivaliser après l’accomplissement total qu’atteint la série The Walking Dead, parvenue dans sa cinquième saison à porter à un point sans commune mesure au cinéma cette « sauvagerie obligée » des héros réduits à un clan, à une famille qu’il faut protéger à tout prix. Mais The Survivalist reste la bonne surprise de cette édition du PIFFF, choisissant d’ancrer son récit dans un huis-clos, la cabane, le jardin, et autour cette forêt luxuriante d’où le danger peut surgir à chaque instant, le film révèle là un cinéaste à suivre.
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