Le 22 novembre 2015
Bridgend est juste lorsqu’il portraite cette jeunesse qui s’auto-asphyxie dans son sectarisme, moins lorsqu’il se focalise sur son personnage principal un peu trop banal.
- Réalisateur : Jeppe Rønde
- Acteurs : Adrian Rawlins, Steven Waddington, Hannah Murray, Josh O’Connor
- Nationalité : Britannique, Danois
- Durée : 1h35mn
- Festival : PIFFF 2015
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– Année de production : 2015
– PIFFF 2015 : Compétition officielle
Bridgend est juste lorsqu’il portraite cette jeunesse qui s’auto-asphyxie dans son sectarisme, moins lorsqu’il se focalise sur son personnage principal un peu trop banal.
L’argument : Une jeune fille et son père officier de police emménagent dans le comté de Bridgend, au sud du Pays de Galles. Dans ce coin pluvieux et morose, les jeunes habitants sont frappés par une « malédiction du suicide » qui polarise toute l’attention des parents et des institutions.
Notre avis : Avant la projection du film au PIFFF, le réalisateur souhaita nous confier cette anecdote : durant le tournage, des dauphins se seraient dirigés en masse vers le rivage et auraient ainsi commis un suicide collectif. Pour le réalisateur, cela montre que nous sommes tous des mammifères soumis au même climat et pointe du doigt l’idée qu’il y aurait quelque chose dans l’air à Bridgend qui toucherait tous les êtres vivants sans distinction. Se reposant avec insistance sur la musique et sur une photographie impressionniste, c’est là exactement ce qu’il semble tenter de représenter dans son film, cet air de mort, cette ambiance générale macabre qui atteint les habitants tel un virus, comme la folie guettait à chaque instant les habitants de Twin Peaks.
Jeppe Rønde nous rapporte aussi avoir effectué de longues recherches sur la jeunesse de Bridgend, une quête documentariste qui constitue d’ailleurs le point fort du film, le réalisateur dressant avec brio le portrait d’une jeunesse qui s’auto-asphyxie en punissant ceux qui veulent partir, perpétuant un sectarisme violent dont le suicide semble être la seule issue. Mais des pistes d’investigation, Bridgend en évoque plusieurs en se rétractant astucieusement de toute interprétation définitive. La seule connexion entre ces suicides établie par la police est qu’ils ont tous lieu sur un chemin de passage des parents de la victime. Accentuant cette idée en montrant ces jeunes comme particulièrement isolés, marginaux, tous incompris voire ignorés par leurs parents, Bridgend émet aussi l’interprétation de ces multiples suicides comme une demande d’attention finale.
Le film perd de sa force dès qu’il se focalise avec trop d’insistance sur le personnage principal et son arc transformationnel assez banal. Une relation au père conflictuelle, un éveil sexuel et amoureux chaotique, rien de bien nouveau et c’est lorsque le réalisateur parvient à élargir son angle à tout ce groupe de jeunes qu’il rejoint le cœur de son sujet avec plus de justesse. Parfois trop explicatif, souvent trop appuyé (ces nombreux retours à l’église notamment), Bridgend bénéficie tout de même d’une poésie visuelle bienvenue avec ces jeux de miroirs, ces couleurs changeantes, ces montages alternés et cette vision épisodique d’un chien errant semblant visiter tous les lieux des suicides.
Bridgend (2015) - Theatrical Trailer par pifff
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