Le 25 novembre 2013
Retour sur la dernière édition du PIFFF 2013, avec notamment son palmarès...
Retour sur la dernière édition du PIFFF 2013, avec notamment son palmarès et nos impressions avant les critiques plus en détails des films sélectionnés...
Cette année, curieusement, le PIFFF a décidé de se passer de jury et a laissé au public le choix du Grand Prix. Décision dangereuse, alors que l’audience ne peut avoir vu tous les films de la sélection et ne peut donc pas décider, à nos yeux, du meilleur film de la compétition dans sa globalité. L’autre souci revient à la nature du Grand Prix en question, un film annoncé comme un DTV, ce qui limite les enjeux d’un festival qui doit se faire la promotion d’un genre pour le faire revivre sur grand écran, et qui, de surcroît, relève essentiellement de la comédie noire, sans aucun élément de fantastique. L’excellent Cheap thrills, diffusé samedi soir dans une salle presque pleine, avait sûrement davantage sa place à l’Etrange Festival, ou peut-être même à Beaune... En tout cas sa présence en sélection était un peu contradictoire avec l’affiche du PIFFF, sombre, dirigée vers un fantastique pur. Cela n’enlève aucune qualité à cette satire sociale démente, cruelle et violente, réalisée par l’ingénieux E.L. Katz. Elle en dit long sur la cupidité et la noirceur de l’âme humaine, tout en nous amusant énormément ! Le film sortira donc directement en DVD chez Luminor au premier semestre 2014. Sic.
Le prix du Jury Ciné + Frisson, dans la catégorie du long métrage, est revenu à un film belge arty, L’étrange couleur des larmes de ton corps, une oeuvre techniquement irréprochable, mais totalement absconse, qui ne permettra pas au cinéma de genre francophone de se réconcilier avec le grand-public, à la différence du cinéma espagnol qui lui a conquis les amateurs dans le monde entier ces dernières années avec ses ghost stories. Cette cinématographie était notamment représentée cette année, hors compétition, par l’inégal Les sorcières de Zugarramurdi de Alex de la Iglesia, délirant, mais confus, généreux, mais boursouflé. Le cinéaste culte était présent le mardi 19, pour ouvrir les festivités ! Toujours espagnol, en compétition, Animals de Marçal Forés renforçait la suprématie du cinéma de genre ibérique sur la production nationale, particulièrement au bout du rouleau en matière de longs, mais riche en courts métrages, eux, bouillonnants d’inventivité ! Que l’on donne à ces réalisateurs naissants les moyens de s’épanouir dans un format autre !
Le reste du festival a été marqué par l’incursion maline, mais pas vraiment essentielle de Lucky McKee dans le teen movie avec All cheerleaders must die, encore une histoire de sorcière, déjantée comme il faut, mais un peu cheap. Les zombies de The Battery faisaient un peu pitié ! Nerd movie fauché, filmé sans idées, cet avatar de films d’infectés suivait deux gogols errant dans une Amérique vide d’habitants, par champs et par routes. Incohérent, passablement sympathique, le projet relève du pari de potes qui aurait dû resté à l’état de court ! En compétition, l’Irlandais Love Eternal évoquait la fascination d’un jeune homme pour la mort et les cadavres. Très froide, cette réalisation clinique de Brendan Muldowney manquait d’audace pour provoquer le malaise. Ni bon, ni mauvais, elle donnait dès le premier jour de la compétition le ton d’une sélection où les enjeux étaient, a posteriori, peu élevés et donc sans grand suspense.
Nous avons raté le Kiyoshi Kurosawa, Real, qui a connu en 2013 son plus grand succès avec Shokuzai. Ainsi que le retour de Stephen Sommers dans le genre horrifique avec Odd Thomas. Pas d’avis, donc, sur ces deux films très attendus.
La cuvée 2013 du PIFFF, hors de toute compétition, s’est démarquée avec une sélection diabolique de classiques et quelques avant-premières bienvenues. On ne se lasse pas de Re-animator sur grand écran. The Wicker Man : Final cut était une idée remarquable tant le film de Robin Hardy est important dans le folklore de la production britannique. Perfect Blue est un manga culte que les amateurs n’avaient pas pu voir en salle depuis les années 90. Une belle récompense ! Que dire de la programmation de la nuit Stephen King, vraiment remarquable : Creepshow, Simetierre et Christine sont trois très grands films tirés de l’oeuvre du maître de Castle Rock.
Cela nous conduit évidemment aux previews, deux de tailles, la nouvelle adaptation de Carrie, et le grand retour de Neil Jordan au fantastique. Carrie la vengeance proposée par Sony, retrouve l’esprit du King et s’insère parfaitement dans la problématique contemporaine, de la souffrance en milieu scolaire, à l’ère des réseaux sociaux et des portables. Le film névrosé à souhait est d’un niveau solide, jusqu’à sa fin massacrée, avec des effets spéciaux parfois mauvais et trop appuyés. Dommage, on est passé à côté d’une bonne adaptation. A découvrir toutefois. On est ressorti emballé en revanche de Byzantium de Neil Jordan. Le réalisateur irlandais de La compagnie des loups et Entretien avec un vampire retrouvait les créatures assoiffées de sang avec un casting magnifique, Gemma Arterton et Saoirse Ronan. Racée, intelligente, avec un récit alambiqué sur plusieurs époques, cette production malheureusement destinée au marché de la vidéo en France était une vraie surprise, que l’on a aimé découvrir sur un grand écran. On n’en aura peut-être plus jamais l’occasion...
Enfin, rendons hommage au PIFFF et à ses programmateurs pour l’excellente surprise qui a clôturé le festival, Wolf Creek 2, suite tardive du chef d’oeuvre du survival de Greg Mclean par lui-même. Un sequel enthousiasmant, farouchement différent de l’original. Parfait pour finir un festival en manque de paroxysme.
En résumé, la compétition de l’édition 2013 laisse une impression en demi-teinte : il manquait d’enjeux réels dans la compétition, de films vraiment porteurs pour assurer le suspense d’un Grand Prix attendu, on est déçu par l’Atlas d’or qui n’appartient pas au domaine du fantastique, et vraiment, l’idée d’un Grand Prix remis par le public est un paradoxe sur lequel l’équipe du PIFFF devra se repencher l’an prochain pour donner plus d’assise à un festival éminemment sympathique, de plus en plus ancré dans les habitudes parisiennes (une fréquentation encore en hausse), mais qui n’a pas encore réussi à devenir une vraie alternative à l’Etrange Festival, qui fêtait ses 20 ans quelques mois plus tôt dans la capitale. Fausto de Mad Movies s’en excusait presque en préambule du festival : passer après l’Etrange, Sitges et avant Gérardmer, n’est pas une chose aisée quand on s’installe, et il faut du temps pour qu’une nouvelle manifestation devienne incontournable. Même avec l’apport évident du symbole "Mad Movies", revue monumentale pour les amateurs de genre pour soutenir la manifestation, les meilleurs films ne reviennent pas toujours aux derniers arrivés. Merci en tout cas à toute l’équipe pour ce travail monstrueux et cet accueil chaleureux, cette disponibilité systématique auprès du public. Les vrais gages d’un festival populaire, loin d’être élitiste, qui a encore le potentiel pour durer très longtemps !
LE PALMARÈS
LES PRIX DU PUBLIC
– ŒIL D’OR - Long-métrage : CHEAP THRILLS
Réalisé par E.L. Katz (Etats-Unis - 2013)
Deux amis fauchés sont alpagués par un mystérieux couple afin d’animer une soirée dont l’issue se révélera sanglante.
– ŒIL D’OR - Court-métrage français : JIMINY
Réalisé par Arthur Môlard (France - 2013)
Dans un futur proche, la plupart des êtres humains ont un « criquet » implanté dans le cerveau : une puce électronique qui les dote de compétences physiques préprogrammées.
– ŒIL D’OR - Court-métrage international : THE MAN WHO COULD NOT DREAM
Réalisé par Kasimir Burgess et James Armstrong (Australie - 2012)
Samuel a 9 ans. L’Histoire se souviendra de lui comme d’un voleur, d’un pyromane et d’un meurtrier.
LE PRIX DU JURY DU MEILLEUR COURT-MÉTRAGE FRANÇAIS
Le jury courts-métrages, composé d’Alex et Willie Cortés (compositeurs), Annick Mahnert (consultante en acquisitions), Jérémie Périn (réalisateur) et Sébastien Prangère (monteur) a décidé de décerner son prix cette année à :
JIMINY, réalisé par Arthur Môlard (France - 2013)
LES PRIX DU JURY CINÉ+ FRISSON
Le jury Ciné+ Frisson, composé de Myriam Hacène (directrice de la chaîne) et Christophe Commeres (directeur adjoint) a décerné les :
– PRIX SPÉCIAL CINÉ+ FRISSON - Long-métrage : L’ÉTRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS réalisé par Bruno Forzani et Hélène Cattet (Belgique / France / Luxembourg - 2013)
Une femme aux mœurs dissolues disparaît. Son mari mène l’enquête et glisse dans un cauchemar sans limite.
– PRIX SPÉCIAL CINÉ+ FRISSON - Court-métrage : JIMINY
Réalisé par Arthur Môlard (France - 2013)
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