Visibilité réduite
Le 6 juin 2012
Souvent considéré comme annonciateur du néo-réalisme, le deuxième film de Gianni Franciolini n’échappe pas toujours aux poncifs et au discours moralisant mais le souffle de la vie s’y immisce souvent, bousculant son scénario trop prévisible.
- Réalisateur : Gianni Franciolini
- Acteurs : Fosco Giachetti, Luisa Ferida, Antonio Centa, Mariella Lotti, Nelly Corradi, Dhia Cristiani, Mario Siletti
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h27mn (DVD italien: 1h15mn)
- Titre original : Fari nella nebbia
- Date de sortie : 16 juin 1943
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– Sortie en Italie : 15 février 1942
Souvent considéré comme annonciateur du néo-réalisme, le deuxième film de Gianni Franciolini n’échappe pas toujours aux poncifs et au discours moralisant mais le souffle de la vie s’y immisce souvent, bousculant son scénario trop prévisible.
L’argument : Cesare, camionneur, transporte des hydrocarbures entre Gênes et Savonne. Il roule le plus souvent de nuit. Sa femme Anna, qui est employée dans une boutique, est lasse de l’attendre et accepte d’accompagner sa collègue de travail Gemma dans des soirées dansantes.
Après une énième dispute, le couple se sépare. Anna retourne vivre chez sa mère.
Cesare rencontre Piera et s’installe avec elle. Mais celle-ci se rend compte assez vite qu’elle n’est pas faite pour la vie de femme au foyer et trompe Cesare avec un autre camionneur Carlo, dit Brillantine.
Lorsque Cesare découvre la trahison il est décidé à se venger et va chercher son pistolet dans son ancien appartement. Il y rencontre Anna.
Notre avis : Mort à seulement quarante-neuf ans, Gianni Franciolini a réalisé, entre 1940 et 1959, une quinzaine de longs métrages (plus quelques sketches de films collectifs).
- Antonio Centa et Luisa Ferida dans Fari nella nebbia (Gianni Franciolini 1941)
Ces drames (comme les deux mélos avec Alida Valli, L’ultimo incontro et Il mondo le condanna), comédies chorales (Villa Borghese, Le signorine dello 04, Racconti romani) ou encore fable néoréaliste (Buon giorno elefante) constituent un ensemble cohérent, au style visuel affirmé, et révèlent un cinéaste doué et fort attachant.
Tourné en 1941, sorti en mars 1942, c’est à dire plus d’un an avant l’Ossessione de Visconti, Fari nella nebbia, le deuxième film de Franciolini (après L’ispettore Vargas) jouit d’une réputation de précurseur du néo-réalisme.
Les ambiances nocturnes crées par la photo très contrastée du grand Aldo Tonti, une dramatisation parfois forcée (mais assez efficace), un vague fatalisme mêlé de déterminisme social renvoient plutôt à un certain cinéma français des années 30, alors que la morale de l’histoire fait triompher les valeurs fascistes du travail et de la famille et que le scénario tend à enfermer les personnages dans des rôles figés.
- Fari nella nebbia (Gianni Franciolini 1941)
Pourtant le film déjoue souvent les écueils de ce parcours balisé en laissant entrer dans le champ de la caméra un réel non assujetti à la fiction : gamins qui jouent dans la rue, vendeurs ambulants, fête foraine, animation du port en arrière plan dans la très belle scène, diurne celle-là, où le couple d’amants marche en devisant sur le quai.
On note aussi un véritable souci d’échapper au manichéisme et de ne pas soumettre les personnages à un jugement univoque, en évitant par exemple de charger excessivement la mauvaise femme, Piera, jouée par Luisa Ferida, assez convaincante et juste en vamp innocente abandonnant rapidement et sans états d’âmes le rêve petit bourgeois de femme au foyer qu’elle caresse un moment.
Les autres interprètes font montre d’une évidente application sans toujours réussir à masquer leurs efforts (d’autant que plusieurs d’entre eux sont doublés) et le film ne tient pas toutes ses promesses. C’est néanmoins une oeuvre tout à fait remarquable, à l’indéniable valeur historique et esthétique.
- Fari nella nebbia (Gianni Franciolini 1941)
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