Peur de rien - la critique du film

L’argument : Les années 90. Lina, 18 ans, débarque à Paris pour ses études. Elle vient chercher ce qu’elle n’a jamais trouvé au Liban, son pays d’origine : une certaine forme de liberté. L’instinct de survie comme seul bagage, elle vogue d’un Paris à l’autre au rythme de ses rencontres amoureuses. Parce qu’à 18 ans, on rêve d’embrasser le monde et pas qu’un seul garçon...

© Ad Vitam

Notre avis : Habituée à filmer le Liban, son pays d’origine, Danielle Arbid change d’environnement et rend hommage, avec Peur de rien à son pays d’adoption, la France, où elle habite depuis l’âge de 17 ans. Si la réalisatrice se défend d’avoir tourné un film autobiographique, on retrouve malgré tout sa vision de la France, ou de sa France fantasmée : une France subversive, une France pleine de diversités, une France des libertés. Peur de rien est un hommage vibrant à l’esprit français ; la bande originale porte cet hommage de façon fulgurante et prend une place indispensable : de Franck Black à Niagara elle nous électrise et nous porte dans ce voyage au cœur des années 90. Ce long-métrage sur l’intégration et l’immigration, réalisé par une immigrée, retentit particulièrement en ce début 2016 et nous fait simplement du bien.

© Ad Vitam

La force principale de Peur de rien tient, sans hésitation , à son casting pertinent, flamboyant et varié. La jeune Manal Issa, pour un premier rôle principal au cinéma, porte le film de sa volonté, de son naturel et de sa grâce. Elle incarne à la perfection et viscéralement Lina, jeune fille à la fois volontaire et naïve qui, débarquant de son pays, accepte simplement les mains qu’on lui tend. Le film est rythmé par les rencontres qu’elle va faire à la fois amoureuses, amicales mais aussi intellectuelles : de l’homme marié homme d’affaires riche, au militant gauchiste en passant par une professeure en université passionnante (une Dominique Blanc magistrale) et un couple de royalistes. On se laisse prendre dans ce parcours initiatique dénué de tout jugement, on expérimente l’amour, la liberté, les déceptions. Tous les personnages secondaires sont indispensables à ce bijou, et en font une ode à la diversité. Des propres mots de la réalisatrice, le message principal est de démontrer « la somme de ce que l’on devient » grâce aux gens rencontrés. « Quand on arrive quelque part, on ignore les codes », et c’est grâce à ce décalage que Daniel Abrid, à travers Lina, arrive à nous ouvrir les yeux sur la beauté de la France.

L’équipe du film au Festival de Cinéma Européen des Arcs où Manal Issa a obtenu le prix d’interprétation féminine
© Alexandra Fleurantin & Olivier Monge

A l’origine intitulé « Faire connaissance avec la France », Peur de rien est donc simplement une invitation à redécouvrir notre pays et à, pourquoi pas, en retomber amoureux. Mais c’est aussi un message à tous ceux qui tentent de trouver leur place, étrangers ou non, une oeuvre actuelle et universelle en somme qui porte très bien son nouveau titre : peur de rien ! Après avoir eu un parcours remarqué dans les différents festivals européens, espérons que ce film remportera un succès public mérité.