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Le 12 septembre 2006


Un roman à l’ombre de Milton et à la lumière d’une plume tombée du ciel.
Un roman à l’ombre de Milton et à la lumière d’une plume tombée du ciel.
Un battement d’ailes. Ou alors un long vol. Difficile de savoir vraiment, avec Cees Nooteboom, combien de temps dure la lecture de ses romans. Juste la certitude de s’être retrouvé entre parenthèses, quelque part (le flou revient), ailleurs, peut-être bien dans un petit coin de paradis que l’on perd, un peu, la dernière page tournée. "Ils regardèrent derrière eux, et virent toute la partie orientale du Paradis, naguère leur heureux séjour, ondulée par le brandon flamboyant [1]."
Perdus, les paradis. Celui de Milton, avec lequel Nooteboom ouvre et ferme son dernier roman. Celui de l’innocence, arraché à Alma la Brésilienne un soir de vague à l’âme dans un territoire interdit. Celui des aborigènes, qu’Alma et son amie Almut croyaient encore bien réel. Celui d’Erik Zondag, critique littéraire allemand, qui faillit être l’amant d’un ange. Celui de Cees Nooteboom, l’auteur, l’un des acteurs, aussi, de Perdu le paradis, qu’il conclut en partant en voyage pour compenser la perte d’Alma, d’Almut, d’Erik et des autres, avec qu’il a vécu un, deux ans et qu’il a quittés - "mais le sentiment qu’on en retire, c’est que ce sont eux qui vont quitté."
Dans la première partie de Perdu le paradis, Nooteboom le voyageur entraîne son lecteur du Brésil en Australie, où deux jeunes filles s’en vont confronter à la triste réalité leurs rêves d’enfants. Elles laisseront leurs désillusions sur ces terres brûlées pour gagner Perth, où, le temps d’un festival de littérature, elles deviendront des anges dans un jeu de piste en hommage à John Milton. C’est là que l’une d’elle, cachée au fond d’une armoire, rencontrera Erik Zondag, qu’elle caressera de ses ailes, avant de s’envoler et de le retrouver, par hasard et trois ans plus tard, dans une clinique autrichienne, où il était parti retrouver la santé.
Dans ce grand roman de la perte, thème universel ("C’est une chose que tout le monde a toujours recherchée, non, le paradis perdu ?"), Cees Nooteboom n’a égaré ni son humour, ni sa légèreté. Peut-être, comme le dira Alma à Erik, les anges ne vont-ils pas les avec les hommes, mais cela ne les empêche pas de laisser tomber leurs plumes dans les mains de rares écrivains.
Cees Nooteboom, Perdu le paradis (trad. du néerlandais par Philippe Noble), éd. Actes Sud, 200 pages, 2006, 17 €
[1] John Milton, Le paradis perdu, traduction de F. R. de Châteaubriand