Le 3 janvier 2017
Un petit film à l’atmosphère soignée, qui vaut surtout aujourd’hui pour la vision d’un Paris interlope.
- Réalisateur : Henri Diamant-Berger
- Acteurs : Marguerite Moreno, Paul Azaïs, Armand Bernard, Jean-Louis Allibert
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Durée : 1h05mn
- Date de sortie : 29 mars 1930
L'a vu
Veut le voir
Résumé : La jeune comtesse Rita désire visiter les bas-fonds de Paris. Une entremetteuse décide d’arranger pour elle une petite mise en scène qui permet à la jeune étourdie de croire qu’elle a réellement passé une soirée parmi les hommes du milieu. Les choses se gâtent par la faute d’un apache authentique.
Notre avis : Curiosité des curiosités, ce court film, parmi les premiers français parlants, jongle avec les clichés déjà vieillissants sur le Paris canaille et ses « apaches » ; la caste de riches oisifs prêts à tenter des aventures n’est pas sans évoquer les trames de screwball comedy, avec ces mondes séparés, mais Paris la nuit double ce point de départ d’un jeu amusant sur le vrai et le faux, car si la soirée apache est organisée à la manière d’un bal costumé, sous la houlette bienveillante de Mme Zouzou (merveilleuse Marguerite Moreno), le vrai se mêle à la reconstitution jusqu’au trouble.
Il faut bien sûr passer sur un rythme mollasson selon nos critères actuels, sur un jeu un peu figé des comédiens. Mais à ce prix, le film a de nombreux atouts : la vision d’un Paris depuis longtemps disparu, proche de celle d’Eugène Sue et de ses Mystères a aujourd’hui valeur quasi-documentaire et la visite « typique » organisée par Mme Zouzou a moins de valeur que les séquences nocturnes, qui dévoilent une ville populaire, aux murs lépreux et aux recoins sombres. On sera moins étonné en apprenant que le scénario est de Francis Carco, dont le goût pour les endroits et les gens interlopes était célèbre, et, de fait, les personnages sont dessinés comme des types, et leur langue, pleine de gouaille, atteint parfois la finesse.
Henri Diamant-Berger, déjà vétéran à l’époque, prend curieusement son temps et multiplie les séquences sans utilité pour la narration, voire la complaisance qu’il met à filmer les chansons dans leur intégralité (mais elles assuraient parfois le succès) ; sans doute cherche-t-il davantage l’atmosphère et, à la suite de Carco, il observe tendrement un monde simple et croqué avec réalisme. Au contraire il délaisse la vague intrigue policière, la mort de « Totor » n’a rien de pathétique, et l’arrivée de la police, rendue presque inutile par la finesse de Mme Zouzou, ne fait pas partie des dénouements puissants.
La mise en scène est certes un peu statique, mais elle réserve à qui regarde des près quelques surprises, notamment dans la scénographie, et un joli moment de montage alterné où deux personnes différentes racontent le passé de l’entremetteuse. Le travail sur la lumière est aussi évident, mais si le film garde un charme certain, c’est surtout par la description soignée et assez nonchalante d’un univers irrémédiablement disparu.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.