Cellule avec vue sur la mer
Le 6 juin 2021
Film culte dans le genre du film d’évasion, Papillon nous entraîne dans l’enfer du bagne français installé en Guyane au coté de deux des plus grands acteurs américains de leur génération. Quelle aventure !
- Réalisateur : Franklin J. Schaffner
- Acteurs : Dustin Hoffman, Steve McQueen, Anthony Zerbe, Victor Jory, Don Gordon
- Genre : Aventures, Drame carcéral
- Nationalité : Américain
- Durée : 2h05mn (version cinéma); 2h30mn (version longue)
- Date télé : 15 juin 2021 13:35
- Chaîne : Arte
- Box-office : 53 M$ (recettes USA) / 3.852.023 entrées France / 1.044.346 entrées P.P.
- Date de sortie : 6 février 1974
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Résumé : Henri "Papillon" Charriere, un malfrat de petite envergure, est jugé à tort pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Celui-ci est condamné à vie dans une prison d’une colonie française : le bagne de Cayenne. Mais Papillon n’a qu’une seule idée en tête : s’évader. Malheureusement, ses régulières tentatives sont toujours restées sans réussite. Devant son acharnement, les dirigeants l’envoient sur Devil’s Island, une prison dans la prison, dont jamais personne n’a réussi à s’échapper. Une épreuve terrible pour Papillon, qui découvre l’enfer de l’environnement carcéral...
Critique : « Inspiré d’une histoire vraie ». Ce qui fait le plus défaut au film de Franklin J. Schaffner est peut-être cette mention faisant état d’un souci de reconstitution historique fidèle. Encore que, en plus de ne pas réveiller la polémique sur la véracité douteuse de la soi-disant autobiographie de Henri ’Papillon’ Charriere, le fait de ne pas en annoncer l’auteur laisse automatiquement plus de place pour le suspense autour de la survie du personnage. Car, plus le film avance, et plus il se calque sur une mécanique de pur survival, sorte un cousin éloigné de Délivrance (sorti pile un an plus tôt) transposé dans un contexte pénitentiaire. Le fait de voir Steve McQueen, alors au plus fort de sa carrière de canon de l’élégance virile, souffrir comme il le fait ici rend cette aventure particulièrement percutante. Mais, plus encore, c’est la sincérité que l’on ressent dans la relation que son personnage entretient avec celui de Dustin Hoffman (lui-aussi au sommet de sa notoriété), qui fait que ce « thriller exotico-carcéral » est également, voir même avant tout, un drame poignant autour de leur amitié et se veut donc d’une portée universelle.
L’autre thématique sous-jacente du film, qui est celle de l’injustice dont est victime le personnage principal, reste toutefois sous-exploitée, à un point tel que l’on ne saura jamais s’il est véritablement innocent du crime qu’il répète ne pas avoir commis. C’est pourtant un élément que l’on attendait vivement de la part de Dalton Trumbo, dont on sait qu’il aime évoquer les persécutions qu’il a lui-même subies de la part de l’inquisition maccarthyste. Même si l’envie de liberté qui anime le personnage de Papillon fait de lui un symbole de résistance, Trumbo –qui d’ailleurs joue le rôle du commandant en tête de la prison et donc incarne cette autoritarisme oppressant qu’il exècre tant– a développé une autre thématique qui lui tient à cœur. Dans la partie centrale du film, au cours de laquelle Papillon est enfermé dans une cellule de réclusion, la façon dont on le voit se refermer sur lui-même, jusqu’au bord de la folie, n’est en effet pas sans rappeler le traitement de Johnny s’en va-t-en guerre, ce film que Trumbo avait réalisé deux plus tôt, soit plus de trente ans après l’avoir écrit.
- © 1973 - Warner Bros. All rights reserved.
Mais, ce qui fait le charme de Papillon vient davantage de ses scènes en extérieur. Il y apparaît évident que Schaffner et son équipe sont véritablement partis effectuer leur tournage dans des conditions particulièrement difficiles, avec une magnifique photographie de Fred Koenekamp. Toutes les scènes, qu’elles correspondent aux travaux forcées du bagne ou aux tentatives d’évasion, sont toutes filmées sous la chape d’un lourd climat tropical, que Steve McQueen et Dustin Hoffman ont, semble-t-il, péniblement vécu. Ainsi, même les passages dont le rythme est plus plus apaisé du film apparaissent, sous le poids de cette chaleur étouffante, comme de véritables calvaires qui, dans un premier temps au moins, soudent leur amitié. Le dernier tiers du long-métrage, presque entièrement construit selon un schéma d’odyssée picaresque, souffre d’un développement bien plus inégal du fait de scènes moins réussies, parmi lesquelles la rencontre peu crédible avec le lépreux et le court passage dans le village indigène. L’autre limite de cette épopée est le caractère purement anecdotique de personnages secondaires pourtant diégétiquement importants.
Mais la mise en scène toujours pleine d’intensité de Schaffner, qui s’était imposé comme un maestro du mouvement de caméra, et, plus encore, l’empathie que le scénario et leurs interprètes ont su brillamment créer pour les deux personnages font que, malgré ces passages inférieurs, le suspense ne décroît jamais. Celui-ci va même trouver son paroxysme dans la scène de fin, devenue anthologique grâce à la cascade que Steve McQueen a exécutée lui-même. Devenu une référence intemporelle dans le sous-genre du film d’évasion, Papillon reste encore aujourd’hui un film qui sait nous prendre aux tripes et nous émouvoir comme peu d’autres et surtout l’une des meilleures prestations du duo de stars à sa tête.
- © 1973 Tom Jung - Warner Bros. Tous droits réservés.
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