Le 29 août 2023
La comédie potache de Patrick Schulmann n’est pas d’une finesse exquise, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais il émane d’elle un parfum de révolte qui la rend sympathique.
- Réalisateur : Patrick Schulmann
- Acteurs : Chantal Neuwirth, Fabrice Luchini, Patrick Bruel, Isabelle Mergault, Martine Sarcey, Camille de Casabianca, Guy Montagné, Étienne Draber, Christophe Bourseiller, Laurent Gamelon, Charlotte Julian
- Genre : Comédie, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : AMLF Distribution
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 12 avril 2024 22:35
- Chaîne : Gulli
- Date de sortie : 18 septembre 1985
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Résumé : L’enseignement vu du côté des profs,à travers l’histoire de Frederic, jeune professeur de lettres révolté et subversif qui arrive dans un nouveau lycée et agit comme un révélateur sur Michel, prof de dessin, Gerard, prof de gym et Francis, bibliothécaire qui oseront enfin aller jusqu’au bout de leurs velléités...
Critique : On ne dira pas que c’est la parodie de la décennie. Toutefois, parmi le tout-venant des comédies potaches qui ont essaimé dans les années 80 (on pense évidemment aux Sous-doués), P.R.O.F.S, qu’on écrit donc avec des points comme M.A.S.H., s’avère d’une meilleure facture, même si le film réserve aussi son lot de séquences lamentables ou inutiles. Mais enfin, le carré d’as qui anime l’établissement -et le dynamite même- est joué par des acteurs plutôt attachants, d’autant que leur alliance relève d’un attelage a priori improbable : Fabrice Luchini, alors enclavé dans le cinéma rohmérien, donne la réplique à Bruel -qui n’était pas encore devenu Patrick avec quatre "i" étirés-, à Laurent Gamelon -transfuge du Petit Théâtre de Bouvard- et à Christophe Bourseiller, homme multicartes, comédien, journaliste, écrivain, spécialiste de l’extrême gauche et notamment du situationnisme debordien. La cohabitation de ces individualités dissemblables colore d’une variété intéressante les rôles qu’ils incarnent. Bourseiller recycle son phrasé du personnage de Lucien, le pot-de-colle du diptyque d’Yves Robert (Un éléphant, ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis), en lui donnant des airs de rêverie qui compensent la logorrhée de Luchini. L’implantation de ce tissu rohmérien dans le corps d’un divertissement plutôt gras s’avère une expérience visuellement insolite, révèle aussi l’hésitation du metteur en scène entre loufoquerie innocente et comédie plus ambitieuse, engagée, la projection du film de Vigo, Zéro de conduite, n’ayant pas la valeur d’une aimable illustration.
Sauf qu’évidemment, Schulmann n’a ni la subversion, ni le talent formel du génial réalisateur de L’Atalante, et que sa charge contre l’institution scolaire se limite à l’élimination des enseignants les plus réactionnaires, dans des configurations grotesques (la prof de physique-chimie finit "cristallisée" contre le mur, le propagandiste coco Charles Max se retrouve "défiguré" par sa nouvelle coupe hitlérienne, le sévère René Nogret se rend coupable d’une agression sexuelle, après avoir été imbibé d’alcool, via une machine à café trafiquée). L’administration elle-même finira par subir les foudres libertaires des quatre professeurs, par le truchement d’un complot qui visera le censeur (un statut disparu) et la documentaliste. On ne saura jamais si les quatre zozos ont lu Jules Celma, mais ils ont sont les prolongements, dans une version plus clownesque, certes.
Parallèlement à cette charge, la comédie s’embarrasse d’histoires de cœur inutiles, qui provoquent un affrontement entre Frédéric Game, le professeur de français, et un lycéen médiocrement interprété, tandis que Laëtitia, la jolie fille de la classe, console son ami Maud -Sheila O’Connor, déjà vue dans La Boum-, qui se demande pourquoi elle ne plaît pas aux garçons. Cette tendance au sentimentalisme est un éternel péché mignon des divertissements gaulois. On lui préfère le comique hénaurme, assumant jusqu’au bout ses intentions grotesques. À cette aune, P.R.O.F.S est une semi-réussite.
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