Romanesque à l’écossaise
Le 14 mars 2016
La série de Ronald D.Moore (Battlestar Galactica), encore inédite en France, cartonne aux Etats-Unis et on comprend pourquoi. Ce voyage sur les terres d’Ecosse offre un dépaysement de chaque instant, et un personnage principal, une femme, qui sort des sentiers battus et souffle un vent de fraîcheur sur le monde des séries télévisées. La forme est sublime, et le fond, romanesque en diable.
- Acteurs : Caitriona Balfe, Sam Heughan, Tobias Menzies, Graham McTavish, Ronald D.Moore
- Genre : Fantastique, Romance
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sony Pictures Home Entertainment
- Durée : 672mn
- Titre original : Outlander
Sortie DVD & blu-ray : le 16 mars 2016
La série de Ronald D.Moore (Battlestar Galactica), encore inédite en France, cartonne aux Etats-Unis et on comprend pourquoi. Ce voyage sur les terres d’Ecosse offre un dépaysement de chaque instant, et un personnage principal, une femme, qui sort des sentiers battus et souffle un vent de fraicheur sur le monde des séries télévisées. La forme est sublime, et le fond, romanesque en diable.
L’argument : A la fin de la seconde guerre mondiale, après quatre années de séparation, Claire Beauchamp, infirmière, retrouve son mari Frank Randall. Ensemble, ils partent en Ecosse pour un voyage en amoureux. Lors d’une excursion en solitaire, Claire découvre Craigh-Na-Dun et ses mystérieux mégalithes. En touchant la pierre centrale, elle se retrouve brusquement propulsée en 1743, en plein conflit entre les Highlanders écossais et le royaume de Grande-Bretagne.
Notre avis : Ne surtout pas se fier aux rapprochements faciles entre Outlander et Game of Thrones qui fleurissent sur la toile. Les deux séries n’ont à peu près rien en commun si ce n’est que les hommes s’y embrochent de temps à autre et montent à cheval pour aller d’un point A à un point B. En dehors d’un pitch de base aux accents fantastiques (un brusque et soudain voyage 200 ans en arrière), Outlander ne contient ni dragons, ni morts-vivants, et les sorcières le sont malgré-elles, par obscurantisme et croyances locales. La série raconte l’histoire d’une femme, Claire Beauchamp, et s’attache à suivre son personnage coûte que coûte. Nul scénario choral comme dans Game of Thrones. Nul besoin non plus de se casser la tête à remonter le fil des alliances et traîtrises entre les différents clans. Ici, le scénario, sans jamais être manichéen, raconte la lutte des clans écossais face à l’empire britannique au XVIIIème siècle. Et c’est le premier point fort de la série : la reconstitution de cette période trouble est remarquable. Tout y sonne juste et vrai, peut être aussi grâce à une absence bienvenue d’effets numériques à outrance. Des collines écossaises aux forêts brumeuses, en passant par les châteaux dans les creux des vallées et les costumes, on s’y croirait. Même le Gaélique écossais est régulièrement parlé, et sans sous-titres, assurant ainsi l’identification au personnage de Claire, qui n’en comprend pas un mot.
- Sony Pictures Television ©
Parlons-en des personnages justement, puisque le casting, aidé par une équipe de scénaristes qui a fait un excellent travail de caractérisation, est à l’image de la réalisation, en tout point exemplaire. Quelques têtes familières (Gary Lewis, le père de Billy Elliot, Graham McTavish, alias Dwalin dans Bilbo Le Hobbit) viennent soutenir deux acteurs principaux, inconnus au bataillon, assurément pas pour longtemps. Caitriona Balfe donc, dans un premier rôle à la télévision, port altier, un air de Cate Blanchett et une pincée de Claire Danes, qui joue à merveille sur tous les registres d’un personnage aux multiples facettes. Romantique, fière, têtue, combattante, déterminée à s’imposer dans un monde où l’homme et ses désirs règnent en maître, c’est un beau personnage féminin comme on en voit encore trop peu. Au delà de l’atout charme de Caitriona Balfe, la comédienne brille dans un registre tout en nuances.
Le comédien Sam Heughan qui lui donne la réplique interprète un jeune et fougeux Highlander, James Fraser, qui va apprendre à communiquer avec Claire Beauchamp. Un personnage classique mais parfaitement joué par l’acteur écossais, dont le sourire en coin fera à n’en pas douter des ravages. Les chamailleries de ces deux-là offrent d’ailleurs des moments très drôles, la différence d’époque et du statut des femmes étant à la fois moteur de plaisanterie et d’évolution des personnages.
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"Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film" disait Hitchcock. A n’en pas douter, il aurait beaucoup aimé Outlander, tant son méchant, anthologique, risque bien de marquer les esprits. C’est bien simple, Tobias Menzies, dont on se souvient surtout pour le rôle de Brutus dans la géniale série Rome, délivre une performance parmi les plus folles qu’on ait pu voir, à la télévision comme au cinéma. A ce titre, les deux derniers épisodes de la saison, particulièrement éprouvants et osés, laissent éclater l’immensité du talent de l’acteur, qui compose un personnage aussi séduisant qu’abject. Il faudra d’ailleurs saluer l’audace des scènes de sexe, qui, enfin, mettent sur un pied d’égalité hommes et femmes dans la représentation de la nudité. Les créateurs de la série semblent d’ailleurs avoir tempéré une triste tendance des séries télés à la surenchère graphique, que ce soit dans des scènes de violence ou d’ébats sexuels. A l’exception du dernier épisode, les ellipses sont nombreuses, et la suggestion largement usitée.
- Sony Pictures Television ©
Il faut aussi saluer une tentative réussie, à chaque nouvel épisode, d’oser la rupture de rythme. Outlander peut tout aussi bien s’arrêter dans un château pendant 50 minutes, et emballer des cavalcades à travers les Highlands dans l’épisode suivant. Mais que ce soit dans l’action ou les dialogues, la romance ou l’aventure, Outlander trouve toujours le ton qui convient pour maintenir le spectateur dans un intérêt qui change de nature mais jamais d’intensité. L’audace d’Outlander aussi, ce qui fait d’elle une série si précieuse et si originale, c’est sa volonté toute assumée de proposer une série romanesque dénuée de l’ironie ou du second degré devenu (presque) incontournable aujourd’hui. Nulle tentative de désamorcer les grands sentiments ici. La série est ainsi constamment traversée d’un souffle épique, entre combats à l’épée, cavalcade à travers des paysages grandioses, histoire d’amour passionnelle et dangereuse, et un humour premier degré qui fait du bien. En ce sens, la fin de cette première saison témoigne d’une intention très pure. Pour ses personnages comme pour les spectateurs, une invitation au perpétuel voyage.
Les suppléments :
Sur les 16 épisodes, huit sont commentés, plutôt bien, par les créateurs de la série. On trouve aussi deux courts reportages sur la création des costumes, une featurette promotionnelle et un bêtisier. Honorable, même si l’on aimerait vraiment en voir plus, notamment sur les différents lieux de tournages, l’apprentissage du Gaélique par les acteurs, ou le traitement de la réalité historique dans une oeuvre de fiction.
L’image :
Cette édition dvd s’en sort remarquablement bien. Noir impeccable, couleurs franches, définition excellente, et les scènes d’intérieurs éclairées à la bougie sont merveilleusement bien rendues.
Le son :
Rien à dire de ce côté là. Les deux pistes 5.1 font parfaitement le job, et la superbe musique de Bear McCreary est très bien mise en avant.
- Sony Pictures Home Entertainment ©
Galerie Photos
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Ghislaine Guerin 23 mai 2019
Outlander : saison 1 - La critique + le test DVD
Superbe saison1 pour cette serie remarquable et romanesque à souhait. Un régal visuel tant pour le paysage, que pour le scénario, même si parfois les quelques scènes violentes peuvent choquer. Les acteurs quant à eux sont parfaits et nous livrent des séquences passionnantes.