Le 8 mars 2010
- Réalisateur : Kathryn Bigelow
- Festival : Les Oscar 2010
La 82e cérémonie des Oscar aura eu un arrière-goût d’indépendance avec le bide révélateur d’Avatar et la victoire incontestée de Démineurs.
La 82e cérémonie des Oscar aura eu un arrière-goût d’indépendance avec le bide révélateur du mastodonte Avatar et la victoire incontestée du minuscule Démineurs.
Kathryn Bigelow, jadis ex-Mme Cameron à la fin des années 90, aura donc vaincu ! La femme la plus musclée d’Hollywood, du moins derrière une caméra, dont la carrière battait de l’aile depuis plus de deux décennies (son dernier succès remontait à 1991 et s’intitulait Point break !) est devenue la première femme à être sacrée meilleur réalisateur à Hollywood, battant ainsi James Cameron pourtant longtemps donné favori pour Avatar. Son ancien mari, fair play, déclarait depuis longtemps qu’il souhaitait toutes les victoires à son ex, et qu’il se contenterait du succès public épique de son film : Avatar ne repart peut-être qu’avec 3 statuettes techniques (photographie, décors, effets visuels), mais il a tout de même empoché la modique somme de 720 millions de dollars aux USA et près de deux milliards dans le monde !
La victoire de Démineurs, pourtant pas un gros succès en salle (seulement 15M$ aux USA et à peine 7M$ dans le reste du monde), marque donc le succès de l’indépendance sur le système hollywoodien. Un choix plutôt inattendu qui permettra au film de Bigelow de retrouver une légitimité commerciale, notamment sur le marché de la vidéo où il commence une carrière puissante. Outre les statuettes les plus prestigieuses, le film de guerre a aussi obtenu des prix pour son scénario, son montage, le montage sonore et le son. Détonant !
L’autre grande gagnante de cette cérémonie était sans conteste Sandra Bullock. L’actrice, qui venait de recevoir la veille le Razzie award de la pire comédienne pour All about Steve, qu’elle a reçu avec humour, a été sacrée meilleure comédienne pour The blind side. Un paradoxe historique ! The blind side, le plus beau succès de sa carrière, ne sortira pas en salle en France, malgré ses 250 millions de dollars au B.O. américain. Son sujet sportif et mélodramatique lui vaut une sortie directe en VOD. Une première !
Du côté des hommes, c’est logiquement Jeff Bridges pour Crazy heart qui a emporté la statuette. Souvent nominé auparavant (4 fois, si l’on ne compte pas la victoire de cette nuit), l’acteur prend sa revanche grâce à une production indépendante qui a coûté moins de 20M$ et dans laquelle il interprète un chanteur de country brisé et pathétique. Un rôle à Oscar qui confirme tout son potentiel !
On pourra également saluer les victoires dans des seconds rôles, de la formidable Mo’Nique pour sa composition mémorable dans Precious et évidemment Christophe Walz pour Inglourious basterds, salué partout depuis Cannes.
Déception pour la France, comme toujours incapable d’obtenir l’Oscar du meilleur film étranger. Ce dernier a été confié à une oeuvre argentine inconnue, que les gens d’Hollywood n’avait probablement pas vue (El secreto de su ojos). Une constante dans l’histoire des Oscar. Les films français, toujours favoris et surtout toujours acclamés par les critiques et le public des grandes villes,
finissent toujours humiliés à la dernière minute par l’académie des Oscar, pas très French friendly !
Enfin, finissons par le prix de l’animation pour le Pixar, Là-haut, et celui du documentaire pour The cove et son combat en faveur des dauphins. Cohérent.
Les victoires
Meilleur film
– Démineurs
Meilleur réalisateur
– Kathryn Bigelow (Démineurs)
Meilleur acteur
– Jeff Bridges (Crazy Heart)
Meilleure actrice
– Sandra Bullock (The Blind Side)
Meilleur acteur dans un second rôle
– Christoph Walz (Inglourious Basterds
Meilleur actrice dans un second rôle
– Mo’Nique (Precious)
Meilleur scénario original
– Démineurs (Mark Boal)
Meilleure adaptation
– Precious (Geoffrey Fletcher)
Meilleure photographie
– Avatar (Mauro Fiore)
Meilleur montage
– Démineurs (Bob Murawski & Chris Innis)
Meilleurs décors
Avatar (Rick Carter, Robert Stromberg & Kim Sinclair)
Meilleurs costumes
– Victoria : les jeunes années d’une reine (Sandy Powell)
Meilleurs maquillage
– Star Trek (Barney Burman, Mindy Hall & Joel Harlow)
Meilleure musique
– Là-haut (Michael Giacchino)
Meilleure chanson
– "The Weary Kind" de T-Bone Burnett & Ryan Bingham (Crazy heart)
Meilleur son
– Démineurs (Paul N.J. Ottosson & Ray Beckett)
Meilleur montage sonore
– Démineurs (Paul N.J. Ottosson)
Meilleurs effets visuels
– Avatar (Joe Letteri, Stephen Rosenbaum, Richard Baneham & Andy Jones)
Meilleur film d’animation
– Là-haut de Pete Docter & Bob Peterson
Meilleur film étranger
– El secreto de sus ojos (Argentine)
Meilleur documentaire
– The Cove, la Baie de la honte
Meilleur court métrage
– The New Tenants
Meilleur court métrage d’animation
– Logorama
Meilleur court métrage documentaire
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