On the Job - la critique + le test DVD

Un oublié injuste de la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2013 refait surface en DVD chez Wild Side Video. On the Job est formellement conseillé à tout bon amateur de polar asiatique qui se respecte.

L’argument : Dans l’enfer et la misère de Manille, deux détenus, Tatang et Daniel, bénéficient secrètement de droits de sortie occasionnels délivrés par des politiciens corrompus dont ils sont les tueurs à gages. Francis et Joachim, les deux policiers qui enquêtent sur les meurtres commis, sont loin d’imaginer que les criminels qu’ils recherchent sont déjà derrière les barreaux... Ces quatre hommes tentent de gagner leur vie quel qu’en soit le prix pour subvenir aux besoins de leurs familles. Ils vont s’affronter, pris dans une spirale infernale et piégés par une machination politique qui fera de leurs proches les premières victimes collatérales...

Notre avis : Polar remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes en 2013, On the Job d’Erik Matti s’est rapidement bâti une solide petite réputation. Autant vous le dire tout de suite, celle-ci est loin d’être usurpée. Matti parvient à imposer sa griffe dès sa séquence d’ouverture sous la forme d’une violente exécution dans le brouhaha et l’explosion des couleurs d’un carnaval manillais. Le cinéaste dépeint Manille en affolant les sens sous l’impulsion de vibrations et de nuances où même les odeurs de tambouille cuisinée au coin de la rue semblent toutes proches de percer l’écran pour venir flatter nos narines. C’est un bonheur de se prendre à admirer les atouts cinégéniques déployés par une ville tour à tour pittoresque, éclatante, pullulante puis asphyxiante, sombre et crasseuse.

La réussite est d’autant plus grande que l’alchimie entre l’ambiance et le décor s’opère immédiatement avec les protagonistes du récit. On baigne dans une ambiance intense aux côtés de deux détenus recrutés par un intermédiaire de politicards véreux. Ces derniers préfèrent laisser la sale besogne aux autres afin de liquider gêneurs et rivaux. Un système corrompu jusqu’à la moelle permet à nos deux détenus d’effectuer des va-et-vient entre la prison et la ville. Comme vous pouvez vous en douter, il est difficile pour les autorités locales de remonter la piste d’assassins déjà sous les verrous. Le petit manège fonctionne parfaitement jusqu’au jour où des enquêteurs finissent par leur coller au train. C’est sur un récit naviguant entre le thriller politique et le film policier qu’une intrigue complexe mais à la mécanique parfaitement huilée se met en place.

En parallèle, On the Job raconte un passage de flambeau entre un vieux tueur à gage et son jeune élève ainsi que de multiples trahisons, aussi bien liées aux relations amoureuses qu’aux affaires. Le cinéaste évite judicieusement toute forme de clichés chez ses personnages, gardant jusqu’au bout une parfaite ambiguïté, et plaçant une barrière floutée entre protagonistes et antagonistes. On suit avec intérêt des individus aux allures de gens presque ordinaires coincés par une série d’évènements qui rendent leurs manœuvres de plus en plus limitées. En sentant l’étau se resserrer autour d’eux, les choix et les actes de chacun pèsent de plus en plus lourd. Il s’en dégage au fil des minutes l’intensité nécessaire pour faire du film d’Erik Matti un polar nerveux et virtuose, loin des clichés du genre. Cette irruption dans les bas fonds de Manille souillés par la corruption est une formidable réussite dont on ressort instantanément séduit.

LE TEST DVD :

Les suppléments :
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Absence de supplément sur cette édition. Notons que figure tout de même la traditionnelle bande-annonce du film en VOST.

L’image :

Il s’agit du point fort de cette édition DVD. L’image est de très bonne tenue avec une texture précise et un rendu qui rend parfaitement hommage au directeur de la photographie. Si certaines des scènes les moins éclairées de nuit dans les tréfonds des petites ruelles accusent un très léger manque de lisibilité, la luminosité de la ville de Manille et ses rues bariolées jouissent d’une colorimétrie parfaitement équilibrée.

Le son :

L’éditeur a choisi de privilégier la VO philippine sous titrée en français sur une piste DTS 5.1 et une piste Dolby Digital 2.0. Le DTS 5.1 que nous avons testé propose quelques effets sonores intéressants en dépit d’un léger manque de puissance au niveau des dialogues. L’absence de VF n’est pas une tare puisque la VO imposée vous permettra d’apprécier le jeu des acteurs (tous très bons au passage) à sa juste valeur.