Le 5 décembre 2020
Entre les pastels de l’image, le dépouillement des décors et son rock’n’roll déjanté, ce drôle d’objet cinématographique réinvente le manga japonais.
- Réalisateur : Kenji Iwaisawa
- Acteurs : Shintarô Sakamoto , Ren Komai, Tomoya Maeno, Naoto Takenaka , Tateto Serizawa
- Genre : Drame, Animation
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 1h11mn
- Titre original : On-Gaku : Our Sound
- Date de sortie : 19 mai 2021
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Résumé : Un jour d’été, un trio de lycéens marginaux qui n’ont jamais touché un instrument de musique de leur vie décident de créer un groupe de musique.
Critique : Ca commence par des gamins moins bagarreurs que peureux et plus aguerris à la lutte sur le petit écran que dans la vraie vie. Les adolescents promènent leur dégaine débonnaire dans un Japon délavé de ses couleurs et surtout d’un ennui profond. Puis, par le plus grand des hasards ou disons encore une histoire de bagarres, le désir de musique surgit soudain, comme une opportunité pour ces adolescents mélancoliques de retrouver un véritable sens à leur existence.
- Copyright Eurozoom
On-Gaku : notre rock est bien loin des mangas que le cinéma japonais a l’habitude de présenter sur les écrans français. Le merveilleux cède sa place à un univers morne, la beauté des regards se fond dans des yeux dessinés comme des poissons, et le gigantisme du ciel se perd dans une ville froide, totalement désertée. Les trois adolescents ne connaissent rien en musique et le désir inopiné de créer un groupe procède d’une sorte de récit initiatique. L’humour constitue le moteur principal de cette histoire totalement déjantée, qui contraste avec une atmosphère froide et intimiste. Le film semble tout droit sorti d’un comics, jouant sur les coups de théâtre, les bulles et les images fixes. Seule la musique, même la plus grotesque, réussit à sortir les personnages de leur torpeur adolescente, en les affublant de traits de crayon noirs qui sortent des costumes.
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Le dessin animé donne à voir une représentation très morose de la jeunesse japonaise. Si évidemment l’ironie et le burlesque demeurent le point de vue principal, à partir duquel le réalisateur déroule son histoire, il y a beaucoup de désarroi dans cette jeunesse désabusée, sans but, seulement rompue à la stupidité des rapports de force. La musique, signée Tomohiko Banse, Grandfunk et Wataru Sawabe, transporte les personnages dans une existence qu’eux-mêmes n’auraient jamais pensé possible. Le cinéaste parle des relations garçons-filles, du chômage, de la violence des relations entre lycées et du mythe de la famille japonaise, qui ne tient pas toutes ses promesses. Il faut sans doute avoir le bagage culturel suffisant pour appréhender toutes les subtilités de ce manga original, adapté d’un livre de Hiroyuki Ohashi. Pour autant, on assiste à cette aventure musicale, depuis les premiers battements de tambour et la maladresse du grattement de la guitare, jusqu’à la scène d’un festival de rock, non sans un certain plaisir. Le film pourrait presque trouver son pendant américain dans la série Les Simpsons, tant le réalisateur s’amuse, à travers les personnages, à moquer une société totalement désabusée, sinistre à souhait, qui cherche de nouveaux repères.
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La dernière partie du long métrage, qui s’ouvre sur un rideau noir, confère au récit une nouvelle tonalité. Les décors s’égayent de couleurs et les personnages deviennent enfin consistants. La musique ne fait pas qu’adoucir les mœurs. Elle donne aux personnages l’épaisseur existentielle qu’ils méritent. Et alors, le film se transforme en un véritable enchantement.
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