Le 12 novembre 2015
Un essai salutaire, fort, urgent, diminué hélas par une impression d’accumulation sans cohérence claire.
- Réalisateur : Carmen Castillo
- Genre : Documentaire
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h43 mn
- Date de sortie : 29 avril 2015
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– Sortie DVD : le 6 novembre 2015
Un essai salutaire, fort, urgent, diminué hélas par une impression d’accumulation sans cohérence claire.
L’argument : De quoi est fait l’engagement politique aujourd’hui ?
Est-il encore possible d’infléchir le cours fatal du monde ?
C’est avec ces questions, dans un dialogue à la fois intime et politique avec son ami Daniel Bensaïd, philosophe et militant récemment disparu, que Carmen Castillo entreprend un voyage qui la mène vers ceux qui ont décidé de ne plus accepter le monde qu’on leur propose. Des sans domiciles de Paris aux sans terres brésiliens, des zapatistes mexicains aux quartiers nord de Marseille, des geurriers de l’eau boliviens aux syndicalistes de Saint Nazaire, les visages rencontrés dans ce chemin dessinent ensemble un portrait de l’engagement aujourd’hui, fait d’espoirs partagés,
Notre avis : Partant du passé, les luttes de Daniel Bensaïd et sa mort, les révoltes des années 60 et 70, Carmen Castillo fait le constat amer d’une défaite généralisée, comme si le monde de la contestation s’était dissipé en un consentement au libéralisme. De ce point de départ pessimiste naît le désir d’aller chercher dans de nombreux pays les traces subsistantes, celles des luttes qui engagent encore aujourd’hui des gens, en Bolivie, au Mexique ou en France. La cinéaste donnent la parole à ces anonymes qui ne se contentent pas de discours mais vivent au quotidien la résistance. De ce point de vue, le film est salutaire qui nous montre que rien n’est perdu, que partout des voix, des gestes, disent la révolte. Le lien entre tous ces gens, c’est la voix douce de Carmen Castillo et les textes de Bensaïd ; on ne hurle pas ici ; même les témoins sont plus dans le chuchotement. Car la force est dans les mots, ceux simples et émouvants des personnes rencontrées, ceux très littéraires de la réalisatrice ou des extraits de livres. On est prêt à les suivre pour « inventer un chemin » et « détruire la nostalgie ».<br
© Happiness Distribution
Là où le bât blesse, c’est que le film dure presque deux heures : la dénonciation, aussi juste et sympathique soit-elle, tourne un peu en rond ; après tout, pourquoi ne pas interrompre avant, ou au contraire poursuivre encore deux heures ? La cohérence d’ensemble manque, et notre bonne volonté se heurte à l’accumulation, à la répétition. Même, osera-t-on l’avouer, les textes littéraires côtoient le verbeux. D’autant que la mise en scène, plate et télévisuelle, dessert le propos ; on rétorquera que ce n’était pas l’ambition du film, et c’est vrai. Mais les textes de Bensaïd sont forts en ce qu’ils sont aussi très écrits ; la beauté de certains paysages ne saurait tenir lieu de point de vue cinématographique, de « style », puisque enfin c’est bien de cela qu’il s’agit. Généreux, souvent fort, On est vivants a la beauté de son combat, et il est salutaire, mais on regrette que tant d’images prétexte, tant de répétitions visuelles et verbales, amoindrissent un message qui méritait mieux.
© Happiness Distribution
On songe en voyant le film à deux chansons de Guy Béart : le début évoque L’avenir c’était plus beau hier, ce temps des certitudes, des lendemains qui chantent ; la suite, c’est plutôt L’ Espérance folle, celle des combats éparpillés qui, à l’échelle locale, permet d’imaginer cet « autre chemin ». C’est au fond la belle leçon du long-métrage, et ce qui le sauve : l’engagement existe encore, il résiste à ceux qui veulent faire croire qu’il n’y a plus d’horizon.
Les suppléments :
Dans un entretien de 15 minutes, Résister à l’irrésistible, Carmen Castillo revient sur ses intentions et justifie ses choix avec conviction. Limpide et forte, sa parole, politique au vrai sens du mot, fait le prix de ce bonus. Les séquences coupées (une heure), bien qu’intéressantes, émouvantes ou très intellectuelles, sont assez redondantes. Enfin un livret de 16 pages complète utilement le film avec des entretiens et les noms des intervenants.
L’image :
Elle est évidemment tributaire des sources ; rien de remarquable mais les séquences contemporaines restituent une esthétique télévisuelle lisse, tandis que les archives sont très inégales.
Le son :
La voix off de Carmen Castillo est privilégiée, chaude et nuancée ; dans les entretiens comme dans les séquences d’archives, les pistes proposées (version originale française et version espagnole, Dolby stéréo 2.0 et Dolby Digital 5.1) sont tributaires des prises de son, et donc très variables.
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