Le 27 novembre 2018


- Scénariste : David Boriau >
- Dessinateur : Steven Dhondt
- Coloriste : Yoann GUILLO
- Collection : Hors collection
- Genre : Fantastique
- Editeur : Delcourt
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 12 septembre 2018
- Durée : T.1
Quelle porte de sortie pour un enfant pris au piège de sa colère et de ses cauchemars ?
Résumé : Alex, 12 ans, n’hésite pas à défendre avec violence sa petit sœur Nina, surtout quand d’autres enfants se moquent d’eux en disant que leur mère absente est une folle. Mais dans sa colère, il ne s’embarque pas seul, et va heurter ceux à qui il tient. Et quand son ressentiment le fait basculer à travers un miroir, c’est pour atterrir dans un monde irréel et cauchemardesque : Obscurcia.
Prenez un enfant dans un univers chaotique et effrayant, vous êtes bien dans un conte classique. Laissez-le être témoin d’une exécution sanguinolente d’une jeune femme borgne par une créature hybride monstrueuse, vous basculez dans l’horreur. Obscurcia a clairement envie de s’attaquer aux contes, aux clichés et aux images de l’enfance pour les tordre dans tous les sens, quitte à les laisser informes ou crevés sur les planches. Au croisement des émotions de Vice-versa, des pérégrinations d’Alice, du chaos d’un monde souterrain digne de l’Incal ou des élucubrations d’une Nef des fous, vous avez ce premier chapitre d’Obscurcia, décharge où de nouvelles roses d’imagination ne demandent qu’à pousser. Le côté malsain, insistant et dérangeant du chef des doudous oubliés est une belle illustration du sentiment que cet album va créer : un mélange de culpabilité latente et de dégoût progressif, face à l’abandon de tout ce qui fait que l’on a été un petit enfant. D’une aventure rocambolesque dans l’idée, c’est un vrai thriller fantastique qui se développe, comme une pieuvre sourde, sombre et salissante.
David Boriau, Steven Dhondt, Yoann Guillo / Delcourt
Pour ce qui est du dessin, le choix semble volontaire de se concentrer sur les personnages, et même davantage encore sur les monstres, qui doivent refléter, rappeler quelque chose du passé tout en gardant une part de mystère. La chatte zombie se voit transcendée, humanisée, comme une héroïne de fantasy à la Arleston, tandis que les doudous, avec leurs masques en forme de smileys, évoquent des esprits de la forêt de Miyazaki, bref autant de pistes qui déroutent, mais qui forme un ensemble extrêmement attirant. Le côté répulsif de ce décor fade n’étreint pas du tout le lecteur, qui voit d’ailleurs apparaître vers la fin de ce premier tome des éléments nouveaux, plus compacts et détaillés, loin du monstre de détritus du début et de la couverture.
David Boriau, Steven Dhondt, Yoann Guillo / Delcourt
De la peur latente, de la curiosité persistante, de l’action immédiate et de l’émotion diffuse, il y a beaucoup dans ce que propose Obscurcia, qui n’est qu’un premier chapitre. Cette série a clairement les moyens de devenir une référence, et ça tombe bien, les deux prochains chapitres arrivent vite (janvier puis avril).
106 pages - 15,95€