Le 15 mars 2012
- Réalisateur : Karl Markovics
- Date de sortie : 14 mars 2012
Karl Markovics nous évoque Cannes et ses premiers pas prometteurs de réalisateur autrichien. A suivre...
Karl Markovics nous évoque Cannes et ses premiers pas prometteurs de réalisateur autrichien. N’hésitez pas à découvrir son Nouveau souffle qui ne vous laissera pas indifférent...
Avoir-aLire : Vous étiez comédien avant de réaliser Nouveau souffle(Atmen, en VO). Qu’est-ce qui vous a fait basculer de l’autre côté de la caméra ?
Karl Markovics : J’ai joué mon premier rôle à l’âge de 5 ans. C’était pour une cérémonie dans le village où j’ai grandi. La pièce était l’adaptation d’un conte de fées intitulé Hans im Glück (Lucky Jack). C’était sur un type qui se voyait offrir une pépite d’or contre 7 ans de travail besogneux. Sur le chemin du retour, il échange l’or contre un cheval, puis le cheval contre une vache, puis la vache contre un cochon, le cochon pour une oie, l’oie contre une meule. Celle-ci tombe finalement dans un puits… Il rentre chez lui juste comme il était parti 7 ans auparavant… J’interprétais le rôle principal. Ca a fait un carton et ensuite à la tombola, j’ai remporté une brosse pour les toilettes ! J’étais aux anges ! J’ai tout de suite pensé que j’étais fait pour devenir acteur.
Quatre ans plus tard, j’ai vu L’apprenti Sorcier de Disney à la télé et son histoire m’a totalement fasciné. J’ai découvert par la suite que c’était l’adaptation d’un poème de Johann Wolfgang von Goethe. A ce moment-là, je me suis dit qu’il fallait que je devienne réalisateur ! J’ai décidé de monter ma propre version du poème, avec trois camarades de l’école primaire (mes 2 meilleurs amis et ma première copine) et on a commencé à répéter dans la cour de récréation. Ce fut un fiasco total. Au bout de trois jours, mes acteurs s’ennuyaient à mort et au 4e jour, ils ne sont même pas pointé au rendez-vous.
Il m’a donc fallu presque 40 ans pour mon retour à la direction d’acteurs !
Comment est née cette histoire de jeune prisonnier, incarcéré le week-end, qui passe sa semaine à bosser pour des pompes funèbres ?
Une image singulière m’est venue à l’esprit : une vieille dame gisant sur le sol de son salon. J’ai commencé à imaginer tout une histoire autour de ce plan. Immédiatement j’en suis venu à penser aux travailleurs des pompes funèbres. Mais, après un certain temps, j’ai également pensé à un jeune mec taciturne… Il ne disait rien mais refusait de disparaître de mon esprit. J’ignorais quoi faire de cette idée, car aucun môme de 18 ans travaillerait volontairement dans ce domaine. Ça a été le déclic. S’il n’était pas là de son propre fait, c’est qu’on l’y obligerait… M’est alors venue l’idée du centre de détention pour mineurs.
L’histoire est d’un réalisme sombre, avec par moments des étincelles de vie et de couleurs, notamment lors des scènes aquatiques, où les détenus retrouve leur souffle dans la piscine. Mais globalement la mort semble obsessionnelle dans le film, jusque dans vos cadrages aussi rectangulaires qu’un cerceuil. Doit-on y voir une métaphore de la société autrichienne ?
En fait la mort est partout. Cela dépasse le point de vue personnel, c’est un simple fait ! On est mortels. Une autre évidence universelle, c’est qu’avant la mort, il y a la vie. Je n’ai pas de vision spécifique sur la société autrichienne, ni sur aucune autre d’ailleurs. Mon film s’attache davantage à la condition humaine. C’est un conte social réaliste sur la chance, cette nécessité pour vivre autre chose qu’une existence misérable.
Le personnage principal de Roman a 18 ans, mais semble vide de l’intérieur, sans vie. Il essaie toutefois, comme l’évoque le titre, de trouver un nouveau souffle en recherchant ses origines… Pourrions-nous dire qu’il s’agit d’une réflexion sur la dernière chance ?
Roman n’a jamais eu la chance d’acquérir des compétences… Ses expériences lui ont été catastrophiques ou bien inexistantes. C’est le manque de confiance en lui, le manque de tout qui l’ont transformé en zombie, en un être dépourvu d’émotion. C’est sa situation au début. Mais les choses changent.
La dernière scène se déroule dans un cimetière. Romain est en deuil et l’on ressent pour la première fois poindre en lui le regret sur ce qu’il a commis. A-t-on raison d’être optimistes ?
On ne peut pas vraiment deviner ce qu’adviendront les autres, tout juste peut-on les observer dans leurs parcours. Cette histoire montre les premiers pas d’un être humain dans la vie. Lorsqu’on quitte Roman, on ignore quelle direction il prendra, mais on a la certitude qu’il ira désormais de l’avant.
Votre film marque une double revelation. La vôtre en tant que réalisateur et celle pleine de promesse du jeune Thomas Schubert. Comment l’avez-vous casté et où en êtes-vous dans vos projets de deuxième film ?
Je savais dès le départ que pour le rôle d’un jeune adulte de 18 ans, je ne pourrai pas faire appel à un acteur professionnel. On a alors fait des castings dans des lycées et plus de 200 jeunes gens se sont manifestés. On les a enregistrés en train de jouer une petite scène. Thomas a été une évidence. Parfait à chaque fois…
En ce moment, je travaille sur mon nouveau scenario. En fait, j’ai 4 différentes histoires en cours de développement et j’hésite encore sur celle qui sera la bonne. Peut-être même devrais-je encore attendre une nouvelle histoire qui s’impose à moi…
Votre premier film a été dévoilé à la Quinzaine des Réalisateurs. Que vous a apporté cette sélection providentielle ? Et comment avez-vous vécu cette expérience cannoise ?
Cannes est l’une des Mecque du cinema. Le festival attire une telle attention. J’aimerais remercier Frédéric Boyer, l’ancien délégué général (il a été évincé de son poste à l’issue de la dernière édition du festival, NDLR). Il a beaucoup apprécié mon film et m‘a appris à prendre confiance en mon travail.
Depuis qu’Atmen a été montré en exclusivité à Cannes, le film a été sélectionné dans 40 autres festivals internationaux et a remporté plus de 20 prix…
Nouveau souffle, en salle à partir du 14 mars 2012
Galerie Photos
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