Le 17 novembre 2019
Un premier film assez étonnant, qui allie habilement la dénonciation de la domination féminine en Tunisie, avec un récit qui tient son spectateur en haleine, jusqu’au dénouement final.
- Réalisateur : Hinde Boujemaa
- Acteurs : Lotfi Abdelli, Hend Sabri, Hakim Boumsaoudi
- Genre : Thriller, Drame social
- Nationalité : Français, Belge, Tunisien
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 13 novembre 2019
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Résumé : 5 jours, c’est le temps qu’il reste avant que le divorce entre Noura et Jamel, un détenu récidiviste, ne soit prononcé. Noura qui rêve de liberté pourra alors vivre pleinement avec son amant Lassad. Mais Jamel est relâché plus tôt que prévu, et la loi tunisienne punit sévèrement l’adultère : Noura va alors devoir jongler entre son travail, ses enfants, son mari, son amant, et défier la justice...
- Copyright Paname Distribution
Notre avis : Le film s’ouvre sur les lèvres et les yeux de Noura, filmés en gros plan, comme une offrande à la féminité, dans un pays, la Tunisie. C’est une femme amoureuse. Elle semble heureuse, détendue, prête à dévorer la vie. Pourtant, elle travaille durement dans la buanderie d’un hôpital, où les employées volent des draps pour améliorer leur quotidien. Son mari, qu’elle n’aime plus, croupit en prison et Noura remplit son quotidien, en partageant son existence entre ses enfants et son amant. Mais dès les premières séquences, on comprend que le bonheur sera de courte durée. Car d’une part, l’administration tunisienne ne valide guère son projet de divorcer, et surtout son mari sort précipitamment de prison, remettant ainsi en cause son désir de partager sa vie avec son amant.
- Copyright Paname Distribution
Le rêve de Noura est tout sauf un rêve. L’euphémisme semble bien faible, tant le destin de Noura se précipite au fur et à mesure du récit vers le pire des cauchemars. En réalité, le film traduit, sur le mode du thriller, la difficulté pour les femmes tunisiennes à vivre leur sexualité, à choisir leur existence amoureuse et à devenir soi. La question si contemporaine de la violence contre les femmes traverse tout le film. Pourtant, la réalisatrice n’abuse pas des effets narratifs. Elle déroule avec froideur et minutie le processus terrible du harcèlement moral et psychologique, qui peut dévorer certains couples, montrant l’impossibilité pour les victimes d’échapper à l’emprise de la perversion et de la manipulation.
- Copyright Paname Distribution
Le rêve de Noura souffre à la fois de la fragilité d’un premier film et de la force d’un thriller. Le rythme transporte son spectateur jusqu’à la fin et l’on a du mal à imaginer une issue favorable pour l’héroïne. Néanmoins, l’écriture s’enlise parfois dans des facilités scénaristiques, qui permettent à l’histoire de retomber sur ses pieds. Mais les comédiens s’engagent dans ce récit avec courage et respect. La mise en scène, précise et inventive, facilite le déroulement du récit qui aurait pu succomber à la faute de style ou à l’invraisemblance totale. On salue le courage de la réalisatrice qui permet, malgré l’économie évidente des moyens dévolus au film, de dénoncer avec force les chaînes morales, sexuelles et intellectuelles qui s’imposent aux Tunisiennes, et aux femmes en général. Le film constitue en quelque sorte un hommage universel à la bataille que mènent nombre de celles-ci, pour gagner leur émancipation et faire de leur existence un gage en faveur de la liberté.
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