Le 13 avril 2018
Un portrait de femme entêtée, qui n’est malheureusement pas assumé jusqu’au bout.
- Réalisateur : Diego Lerman
- Acteurs : Daniel Aráoz, Bárbara Lennie, Claudio Tolcachir
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Polonais, Brésilien, Danois, Argentin
- Distributeur : Potemkine Distribution
- Durée : 1h35min
- Titre original : Una Especie de Familia
- Date de sortie : 18 avril 2018
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Résumé : Médecin de Buenos Aires, Malena s’apprête à devenir mère au terme d’une démarche d’adoption longue et éprouvante. Remplie d’espoir, elle parcourt les 800 kilomètres qui la séparent de la mère biologique. Mais au moment de retrouver son bébé, Malena apprend que la famille de l’enfant lui impose de nouvelles conditions…
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Notre avis : Était-il besoin de préciser les raisons pour lesquelles Malena manifeste un tel désir d’adoption ? Non seulement, la révélation, qui advient dans des circonstances défavorables, s’avère une secret de polichinelle, mais il décrète une intentionnalité qui affaiblit ce personnage, si beau dans son mystère et dans son entêtement à creuser le sillon de sa logique. Il s’agit là sans doute du péché mignon d’un certain cinéma dit social, qui n’a pourtant pas besoin de cette psychologie pour toucher le spectateur : car, dans sa sécheresse brute, son expressivité de perdante que viennent souligner les superbes gros plans, cette héroïne incarne le substrat d’une amoralité, comme toutes les grandes figures de la tragédie, dont la simple existence se justifie par une passion débordante : être une force qui va et ne mérite pas que, sous prétexte d’adopter le point de vue légitime d’une mère porteuse, spoliée de son enfant, contrainte par des raisons économiques, Malena infléchisse sa trajectoire vers le scrupule, pour la faire entrer dans le rang. Pour lui donner les allures d’une riche doctoresse, punie d’avoir voulu acheter un bébé.
Tout se passe comme si, quelque peu effrayé par son personnage, le réalisateur ne lui avait pas laissé la possibilité de suivre son destin de femme braconnière, mais l’avait, au contraire, enfermé dans un archétype à ne pas suivre. Or, s’il faut bien admettre que les demandes financières formulées par la famille de la mère porteuse, témoignent de difficultés sociales réelles, on ne peut pas tout à fait reconnaître que ces préoccupations-là nous mobilisent, parce que la focale est clairement sur le personnage de Malena. Et peut-être que l’oeuvre toucherait sa cible, si elle laissait le spectateur dans un état de malaise, proche de la culpabilité, si elle le laissait adhérer à l’expression d’un désir de maternité, à une envie où l’égoïsme a certainement sa part, tout en compatissant au malheur d’une femme pauvre, qui donne la vie pour des raisons financières.
Il reste que Notre enfant se laisse regarder : comme un road-movie, flanqué de ses codes traditionnels, errance, longues routes, musiques souvent dépressives, mais superbes. Avec Barbara Lennie, on irait jusqu’au bout du monde, mais certainement pas dans le fossé où s’achève cette histoire pourtant bien entamée.
Prix du meilleur scénario au Festival International du Film de San Sebastian
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