No War . T.1 - La chronique BD

En choisissant une myriade de thèmes, entre luttes écologiques et sociales, conflits générationnels et passionnels, Anthony Pastor a tapé en plein dans l’actualité mondiale. Comme une prévision des Gilets jaunes en France, des transgressions politiques d’un Trump, les influences des ZAD ou barrages polémiques, il y a un terreau de violence qui ne demande qu’à sortir, surtout quand des protestants sont excédés, ou n’ont plus d’autres alternatives pour exister. Attention, s’il est très actuel et terriblement réaliste dans son approche des tendances, des liens et des pouvoirs, No War possède un petit quelque chose en plus, en l’occurrence d’une pierre mystique et même un peu magique, une matière fantasmagorique mais assez métaphorique. Ce premier album d’une trilogie ne fait pas qu’annoncer les combats, il plonge directement dans le cambouis, partant d’une enquête consécutive à un meurtre, comme beaucoup de polars venus du froid, il se prolonge dans la rue et la manifestation, pour acquérir toujours plus de force, et surtout un rythme crescendo très efficace.

Anthony Pastor / Casterman

Les amateurs du style du Sentier des reines seront surpris par le tournant pris par l’auteur, qui ne cesse d’évoluer et de tester de nouveaux styles graphiques. Pour cette série résolument urbaine, c’est un trait façon graffiti qui se dégage. Avec un minimum de couleurs, un rose ou un bleu pâles et sales notamment, les personnages se composent, et un décor de plaine d’Islande ou de friche urbaine se dessinent. Au final, l’ambiance rappelant un Millenium est introduite sans heurts et se révèle rapidement idéale pour traiter le sujet.

Anthony Pastor / Casterman

Tag percutant sur les problèmes de société mais également fresque, autant angoissante qu’hypnotique, sur le destin d’une dizaine de personnages entremêlés ; No War est un appel à lire une trilogie mais aussi à réfléchir sur les préoccupations et tensions contemporaines.