No Mercy - la critique

Mélange de film de vengeance et de film policier, No Mercy ne surpasse jamais les œuvres qu’il copie, la faute à une réalisation peu inspirée. On retient tout de même un final qui vaut (presque), à lui seul, le déplacement.

L’argument : Le corps mutilé d’une femme est retrouvé près de la rivière Keum. Le légiste Kang Min-Ho se rend sur le lieu du crime pour tenter d’élucider ce meurtre. Rapidement, le suspect numéro 1 (un activiste fou d’environnement) passe aux aveux. Le problème, c’est qu’il a également kidnappé la fille du légiste responsable de son arrestation. Au cours de l’enquête, Kang Min-Ho va se rendre compte qu’il a déjà par le passé croisé le chemin du criminel.

Notre avis : Le film de vengeance est depuis longtemps devenu un genre à part entière dont le cinéma coréen de ses dernières années s’est fait une spécialité (on pense en particulier à la trilogie de la vengeance de Park Chan-wook). Mais avant d’exploiter pleinement ce thème, No Mercy ressemble à un film policier classique, s’inspirant grandement de l’excellent Memories of Murder.
Hélas, n’est pas Boon Joon-ho qui veut. Du point de vue de la mise en scène, le réalisateur de No Mercy ne parvient jamais à emballer son enquête, laquelle se rapproche par moment davantage d’un très bon épisode des Experts qu’à une vraie œuvre de cinéma. On sent bien malgré tout l’envie d’égratigner certaines figures (les policiers complètement trimballés à l’exception de la jeune recrue, symbole d’un horizon porteur d’espoir) mais là encore, le film n’atteint pas l’ironie et le cynisme que Memories of Murder maîtrisait à la perfection, en ayant recours à quelques effets burlesques.
A vrai dire, No Mercy ne semble avoir de raison d’être que pour son twist final annoncé. Dès lors, l’enquête policière n’a que très peu d’intérêt et c’est poliment que le spectateur attend le fameux coup de théâtre qui viendrait enfin le bousculer, lui faire ressentir quelque chose. Comme Old Boy (la comparaison se révèle tout aussi légitime), la résolution vient alors bouleverser ce qu’il nous a été donné de voir, avec pour conséquence, de constater que toutes les actions du héros se retournent contre lui (le principe de la vengeance). Là-dessus, le dénouement s’en sort très bien parce qu’il justifie certaines séquences que l’on avait trop rapidement jugé comme inutiles ou volontairement provocatrices (l’autopsie bien gore, notamment). En outre, le scénario (No Mercy n’est finalement que ça) fait preuve d’une grande cohérence, si l’on excepte une grosse facilité. Reste que, impitoyables, les dernières minutes remuent enfin le spectateur et le laissent sur une glaçante conclusion : il est plus facile de se venger que de pardonner...