No Man’s Land - critique de la série (saison 1, épisode 1)

Critique : La guerre en Syrie contre l’Etat islamique en 2014 engendre notamment l’intervention des Unités de protection du peuple (YPJ), résolument engagées dans le combat contre les djihadistes. Le premier épisode de la série évoque le calvaire d’Antoine, un jeune homme capturé par trois femmes de cette branche armée du Parti de l’union démocratique. Flashback à Paris. Le même protagoniste se réveille avec sa compagne qu’il étreint langoureusement, avant de se rendre avec elle à l’hôpital, pour une insémination artificielle.
Le télescopage de la vie possible et des images de guerre diffusées en boucle dans un hall d’attente construit une antithèse plutôt convenue. Antoine reste figé devant ce flux d’informations qui résonnent d’une manière intime, puisque celles-ci lui rappellent sa sœur, a priori morte dans un attentat terroriste au Caire, en 2012. Or, c’est bien elle qu’il semble apercevoir à travers un reportage, agrandissant ensuite l’image sur son téléphone portable pour se persuader, comme le photographe David de Blow-up, que l’extraordinaire est bien advenu.
A partir de là, une enquête commence, plutôt lente et prévisible, qui dissémine les indices (interlocuteurs téléphoniques mystérieux, bruits de fond inquiétants, échanges par SMS), s’accommode scénaristiquement d’oppositions prévisibles filmées en champs-contrechamps (l’homme obsessionnel et buté, sa compagne rationnelle et lucide). Les translations du héros à l’étranger nous rapprochent des preuves d’une intuition, sur le mode du jeu de piste, avec des fausses routes, de vrais progrès, un informateur vénal. Le premier épisode de cette série d’actualité chemine de façon linéaire, suit les pérégrinations d’Antoine, qu’incarne Félix Moati, à qui il manque clairement une épaisseur dramatique. Son interprétation plutôt monochrome ne donne pas spécialement envie d’emboîter le pas de son personnage. Ces quarante-cinq minutes d’exposition (nous n’avons pas vu le reste) manquent singulièrement de rythme et d’originalité dans la mise en scène.