Le 18 novembre 2019


- Scénariste : Emmanuel Moynot >
- Dessinateur : Emmanuel Moynot
- Genre : Thriller
- Editeur : Sarbacane
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 2 octobre 2019
Road trip rageux qui prend aux tripes.
Résumé : La rencontre entre Jeb, jeune serial killer en quête d’une revanche sur le monde, et Bess, jeune serveuse maltraitée par son oncle, s’est faite dans le sang. Forcément, leur vie se déroulera dans la violence, au gré du hasard, de la route et des rencontres, aussi tortueuses que fascinantes...
Lorsqu’un album commence par une scène de meurtre, on se dit qu’il va être sombre. Mais quand il s’ouvre avec meurtre et mutilation génitale, on se dit que le noir risque d’être corsé. No Direction a donc fait du noir sa base, et surprend par des éclaircies, dans un scénario tortueux, fait de multiples narrateurs, un par chapitre, et un chapitre par État traversé des États-Unis. Une sorte de Pulp Fiction en forme de road trip policier, une cavale de Bonnie et Clyde désabusés et violents, ce que la mythologie du Midwest américain a su créer avec froideur et réalisme. Car c’est peut-être le pire dans ce livre, c’est de se dire que tout n’est peut-être pas inventé, et ressemblerait bien plus à la vraie vie qu’un téléfilm à l’eau de rose. Répugnant par certains aspects, les personnages évoluent et se révèlent souvent touchants, les bons comme les mauvais, et l’on se prend ainsi rapidement d’affectation pour les égarés et les enfants.
Emmanuel Moynot / Editions Sarbacane
Le dessin est à l’image de ce ressenti, un gris sombre comme base, où le contraste peine à percer, mais quand il le fait, l’ensemble s’éclaire. Une page n’a pas besoin de beaucoup pour révéler, et de toute manière, hormis une mère de famille quittant tout, la plupart des personnages sont laids, au sens littéral et donc physique du terme. Pas à l’intérieur, et d’ailleurs le dessin plutôt repoussant s’efface, n’est plus qu’un cadre pour laisser voguer les protagonistes et leurs tourments.
Emmanuel Moynot / Editions Sarbacane
En dépit d’une forme peu sympathique et d’une intrigue faite de violence assez gratuite, No Direction surprend grâce à son originalité, avec ce croisement de destins bien fléchés et son ton juste et acidulé.
160 pages - 24€