Nine - la critique

Ni vraiment raté, ni vraiment réussi, Nine offre quelques jolis numéros de cabaret sans parvenir à faire décoller la narration. En cause, un casting prestigieux largement sous-employé.

L’argument : Guido Contini est le plus grand réalisateur de son époque. Vénéré par les critiques et adulé par le public, il n’a qu’un seul point faible : les jolies femmes !
Tiraillé entre sa sublime épouse et sa sulfureuse maitresse, harcelé par une séduisante journaliste, subjugué par la star de son prochain film, Guido ne sait plus où donner de la tête. Soutenu par sa confidente et sa mère, parviendra-t-il à résister à toutes ces tentations ?

Notre avis : Librement inspiré de 8 ½ , avec un crochet par la comédie musicale de Maury Yeston qui fit un carton à Broadway dans les années 80, Nine est un film bien léché, à l’esthétique visuelle soignée - on note l’attention toute particulière portée à la scénographie des numéros, dans un esprit très cabaret - mais qui manque de souffle et de corps. La narration peine à avancer entre deux tours de chant, de sorte qu’elle est parfois réduite à un défilé de personnages, du curé à la groupie (l’un n’excluant parfois pas l’autre) qui n’ont pas le temps de s’installer.

Aussi, autour du personnage principal de Guido joué par Day-Lewis, les figures féminines, à peine esquissées, apparaissent-elles dans l’ensemble inconsistantes : de Sofia Loren et Nicole Kidman, respectivement la mère de Guido et l’actrice principale de son prochain film, cantonnées à quelques apparitions de guest stars, à Pénélope Cruz, la maîtresse, largement sous-employée dans le rôle de la bimbo torride, ou encore Marion Cotillard, l’épouse délaissée, dont le personnage tient plus du faire-valoir qu’autre chose. De là à prendre l’une des dernières répliques de Claudia, "Je préfèrerais jouer l’homme", lorsque Guido lui propose le rôle de la muse dans son prochain film, comme argent comptant dans la bouche de Nicole Kidman, il n’y a qu’un pas...

Metteur en scène du film dans le film, le fameux "Italia" qui est à la fois le fil conducteur et l’Arlésienne de Nine, Daniel Day-Lewis, par ailleurs excellent, instille à son personnage de cinéaste une dose d’ironie et d’auto dérision salvatrice, lors, notamment, d’une conférence de presse où il n’a de cesse de botter en touche, comme dans la vie en général, avec à son actif un certain nombre de répliques savoureuses sur les coulisses de la création.

Côté cabaret, les numéros sont inégaux, certains n’évitant pas un côté un peu forcé. Un certain nombre relèvent également davantage du chant parlé que de la comédie musicale, non sans être d’ailleurs dénués de charme. On ne parlera que des (plus) réussis en retenant notamment la performance, dans tous les sens du terme, de Fergie, la chanteuse des Black Eyes Peas, qui crève l’écran sur "Be Italian". Sa prestation outrancière reste le moment le plus marquant du métrage, ainsi que l’une des scènes les plus réussies, tant d’un point de vue musical que cinématographique avec, en alternance, des flash black en noir et blanc de l’enfance de Guido. A noter également la prestation de Daniel Day-Lewis sur un titre où le comédien semble revisiter La cage aux fauves des Folies Bergères et celle à la Zizi Jeanmaire de Judy Dench, sur Folies Bergères, justement.
Il y a donc (un peu) à prendre et (pas mal) à laisser dans ce Nine, sans pour autant bouder son plaisir quand le show est finalement assuré.