Le 25 décembre 2020
Un remake déguisé en suite, qui ne se donne même pas la peine de poser un regard neuf sur l’ouvrage original, et qui surtout se termine sur une morale plus que douteuse.
- Réalisateur : Rob Marshall
- Acteurs : Meryl Streep, Julie Walters, Colin Firth, Emily Mortimer, Emily Blunt, Angela Lansbury, David Warner, Ben Whishaw, Dick Van Dyke
- Genre : Fantastique, Comédie musicale
- Nationalité : Américain
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Durée : 2h11mn
- Date télé : 19 mars 2024 21:05
- Chaîne : W9
- Titre original : Mary Poppins Returns
- Date de sortie : 19 décembre 2018
Résumé : Michael Banks travaille à la banque où son père était employé, et il vit toujours au 17 allée des Cerisiers avec ses trois enfants, Annabel, Georgie et John, et leur gouvernante Ellen. Comme sa mère avant elle, Jane Banks se bat pour les droits des ouvriers et apporte son aide à la famille de Michael. Lorsque la famille subit une perte tragique, Mary Poppins réapparaît magiquement dans la vie de la famille. Avec l’aide de Jack, l’allumeur de réverbères toujours optimiste, Mary va tout faire pour que la joie et l’émerveillement reviennent dans leur existence… Elle leur fera aussi découvrir de tout nouveaux personnages plein de fantaisie, dont sa cousine, l’excentrique Topsy.
Critique : Mary Poppins (1964), de Robert Stevenson, fut en son temps (1964) une œuvre remarquable à plusieurs points de vue. L’oeuvre aux cinq Oscars fut assez difficile à monter, et l’auteure des romans, Pamela L. Travers, donna bien du fil à retordre à un Walt Disney persuadé qu’il y avait là matière à un grand film de cinéma.
Le résultat, on le connaît : sa musique éveille en chaque génération une nostalgie de l’enfance et des VHS enregistrées que l’on se repasse en boucle.
- © 2018 Disney Enterprises, Inc. Tous droits réservés.
Lancés comme des perdus dans leur entreprise de recyclage infini de tous leurs anciens succès, il était évident que les studios Disney allaient faire subir à la nounou magique cette cure de jouvence finalement un peu frelatée.
Pourtant, surprise, ce n’est pas un remake que l’on annonce, mais bien une suite. Il faut dire que Pamela L. Travers a donné à son roman original sept suites, de quoi largement inspirer les scénaristes en mal d’idées neuves. Et, justement, le deuxième roman de la série, sorti en 1935, s’intitule Le Retour de Mary Poppins.
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Mais voilà, en découvrant le long métrage, on ne peut s’empêcher de le comparer à l’original. Et, ça saute aux yeux, c’est bien le même film que l’on nous ressert.
Certes, il y a des différences cosmétiques : les enfants Banks ont bien grandi, Michael, veuf qui élève ses trois enfants, vit toujours au 17 allée des Cerisiers. Il travaille à la banque où officiait son père avant lui, et reçoit la visite fréquente de sa sœur Jane, qui elle se bat pour le droit des ouvriers, militante comme sa mère, donc.
C’est la Grande Dépression à Londres, comme l’annonce un carton après le générique (en forme de clin d’œil à celui du premier), et le pauvre Michael Banks, qui a contracté un prêt à la banque où il travaille, et qu’il ne peut plus rembourser, voit sa maison familiale saisie par les huissiers.
Il n’a alors que peu de temps pour trouver le moyen de rembourser l’intégralité de son prêt et, ainsi, conserver sa demeure.
Heureusement, il se souvient que son père lui a transmis ses actions, son propre investissement dans cette banque où il travaillait et dans laquelle il était associé. Mais encore faut-il remettre la main sur ce certificat qui lui seul peut prouver qu’il détient effectivement des parts de cette banque.
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Bref, tout cela est très centré sur la finance, et il faut bien l’arrivée de la célèbre nounou, à la faveur d’un grand vent et d’une poursuite au cerf-volant récalcitrant, pour retrouver un peu de la magie d’antan. Et, dans le voisinage, ce n’est plus un ramoneur qui se promène avec son orchestre portatif pour enchanter les enfants, mais un allumeur de lampadaire (avec les jeux de mots sur « allumeur » qui vont avec), Jack, qui semble intégralement calqué sur le fameux Bert de Dick Van Dyke.
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Le film, comme son modèle, est très inspiré par la comédie musicale des années 40. La musique omniprésente, l’ouverture sur tableaux, les numéros musicaux… la recette ne change pas. Il faut avouer que les compositeurs Marc Shaiman et Scott Wittman s’en sortent bien, avec une musique qui, bien que très fortement inspirée par la bande originale des frères Sherman, trouve de nouvelles ressources mélodiques et sait se rendre enthousiasmante ; la comparaison devient embarrassante quand arrivent les numéros purement musicaux. La caméra étriquée de Rob Marshall ne sait pas capter l’ampleur d’une scénographie pensée pour la chorégraphie, et bien souvent la caméra se contente de glisser sur les protagonistes sans savoir comment les mettre en scène.
Le premier numéro, aquatique, est d’ailleurs d’une laideur insupportable.
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Pour réintégrer une séquence qui mélange prises de vue réelles et animation, les auteurs vont chercher une idée du livre, qui voit les protagonistes plonger dans un compotier en porcelaine. Cette fois, il y a une urgence imposée par une présence maléfique, pendant animé du directeur de la banque qu’interprète Colin Firth.
Et le reste se déroule sur le même programme que celui du premier film. Ainsi de cette sortie en ville, pour s’inviter chez un personnage qui a des problèmes de circulation dans son espace vital (collé au plafond dans le premier opus, la pièce sens dessus dessous dans celui-ci), que Mary Poppins résout en adoptant son point de vue.
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L’arnaque est achevée sur le final, où le numéro des ramoneurs sur les cheminées est remplacé par une séquence absolument semblable, mais avec des allumeurs de lampadaires qui font des cabrioles dans les rues de Londres.
Jusque-là il nous semblait avoir vu exactement le même film. Mais les auteurs avaient quand même visiblement envie d’autre chose. La résolution de l’intrigue, et la morale derrière, sont en fait à l’inverse de ce que le film de Stevenson proposait. Alors que dans l’original tout le monde comprenait que le bonheur se dissociait de l’argent jalousement épargné, ici la fin heureuse s’atteint par la découverte d’un placement sur un compte bancaire de deux pences destinés jadis à une pauvre femme et ses pigeons (le révisionnisme à la Disney) et d’un certificat de prise de parts dans la société retrouvé déchiré et collé pour réparer un cerf-volant.
Pour un film destiné aux enfants, voir les studios Disney faire l’apologie des placements bancaires dans un monde au bord d’une nouvelle crise financière, il y a de quoi s’étrangler avec son pop-corn.
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Ne manque plus que la séquence finale, dans le parc et en chanson comme dans le premier film, mais avec des ballons en lieu et place des cerfs-volants. Et voilà que se termine un film qui ne s’est contenté que de décalquer la forme de son modèle.
Paresseux dans ses idées et sa mise en scène, Le retour de Mary Poppins a seulement le mérite de servir d’écrin à une actrice formidable, Emily Blunt, à l’aise dans la comédie, sûre de ses gestes et danseuse accomplie. Demeure néanmoins une inquiétude sur la direction prise par les studios Disney depuis quelques années, qui ne cache même plus son entreprise de recyclage, à copier tous ses plus grands succès, et surtout laisse passer à l’attention de son jeune public des messages toxiques que l’on pensait bannis des grands studios en 2018.
Licences infinies, recyclage infini, suites déguisées en remake… c’est l’imagination en berne pour des profits maximum.
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birulune 18 septembre 2019
Le retour de Mary Poppins - la critique du film
Oui le film nous ensorcele pas mais la fin est géniale et le reste bah tant pis
bbjj83 6 juin 2020
Le retour de Mary Poppins - la critique du film
je me suis profondément ennuyée. je ne vois pas le but d’avoir fait une suite aussi mauvaise. certes, les effets spéciaux sont grandioses et le casting est bon mais le scénario de cette suite...
une grande déception.