Nevada - la critique du film + le test DVD

Critique : Comme À l’ouest du Pecos l’année suivante, Nevada est un western réalisé par Edward Killy, vétéran du genre, avec Robert Mitchum, et d’après Zane Grey. C’est aussi la troisième adaptation de cette histoire, qui n’est pourtant pas un modèle d’originalité… Pas originale, mais farcie de tous les ingrédients d’un genre en plein classicisme, qui constituent petit à petit ce qui deviendra une série de clichés, de la bagarre dans le saloon au bateleur ivrogne, des entraîneuses au citadin corrompu en passant par le lynchage. L’efficacité prime ici, le métrage excédant à peine une heure : pas de fioritures (même l’inévitable chanson est courte), les péripéties se succèdent, les preuves sont assez faciles à trouver (le billet), comme les gens à convaincre. C’est qu’on est dans un temps d’innocence du genre, les personnages sont ce qu’ils paraissent être et la morale est sauve : le manichéisme naïf qui prévaut est balayé par le rythme presque sans faille de cette aventure.

© 1944 RKO Pictures. Tous droits réservés.

Killy n’est certes pas un esthète, et sa mise en scène vise autant l’économie que la concision, ce qui nous prive de cavalcades mais aussi de longs dialogues : et quand il le faut, voir par exemple la bagarre dans la grange, les cadrages et le montage concourent à une nervosité de bon aloi. On sera plus sceptique quant aux passages comiques ou le lyrisme final, qui ont mal vieilli.
Mais surtout, l’argument massue de ce petit film, c’est la prestation de Robert Mitchum, déjà royal dans un rôle sans nuances : il écrase par son minimalisme et son débit singulier aussi bien le cabotinage de ses acolytes que les minauderies des actrices. On oublie alors les facilités du scénario pour se concentrer sur ses morceaux de bravoure, dont des poursuites en décors naturels particulièrement soignées.

Les suppléments :
Dans son habituelle présentation, Patrick Brion donne surtout des précisions historiques et conclut avec enthousiasme sur cette série B, « réussite parfaite, mineure mais parfaite » (7 minutes). Le DVD contient également une galerie photos et un curieux documentaire de Jean-Claude Missiaen sur Robert Mitchum et le western, collage poétique ou rêverie plus que source d’informations (7 minutes).

L’image :
Un carton initial prévient de l’insuffisance de la restauration ; de fait, les parasites ou les plans flous se succèdent et l’image est grisâtre, rarement instable mais jamais très précise.

Le son :
Comme pour l’image, la piste mono VOST a souffert des outrages du temps : étouffé, parfois chuintant, le son est épais et sans nuances.